Qui a dit que la Génération Y n'aimait pas la #cuisine ?

Alors que les thèmes autour de la "malbouffe" sont présentés aujourd'hui comme le mal du siècle des jeunes générations, Internet a montré qu'il était une opportunité incroyable pour redonner goût à la cuisine. Les jeunes sont loin d'avoir délaissé les fourneaux !

« Malbouffe », le terme est omniprésent aujourd’hui dans la presse, à la télévision (« ne pas manger trop gras, trop salé, trop sucré ») et dans les esprits.  Le mal du siècle, est-il tentant de se dire face aux files d’attentes devant Burger King et à la folie qu’avait suscitée l’annonce du retour du géant du burger en France en 2013. Changement en vue pour les années à venir ? Les nouvelles technologies ne sont pas souvent bien perçues dans cette guerre contre la mauvaise alimentation. Les imprimantes 3D capables de cuire un steak ou une pizza par exemple semblent plus favoriser la tendance du prêt-à-consommer plutôt que la préparation de plats faits-maison à base de produits frais. Vu comme cela, dur de ne pas acquiescer.

Pour autant, et alors même que ces constats sont fondés, Internet représente un véritable allié ! Face à toutes ces prévisions pessimistes et angoissées, les faits montrent au contraire que la Génération Y est loin d’avoir abandonné son tablier. Blogs, communautés, forums et partage de photos, depuis plusieurs années s’est constituée une foodosphère hyper-active qui devrait redonner de l’espoir aux plus alarmistes !

En France, les estimations sur le nombre de blogueurs culinaires varient entre 4000 et 10 000[1], et 23% d’entre eux reçoivent plus de 1000 visiteurs par jour. Si les 26-30 ans sont la catégorie la plus représentée, les 21-25 ans arrivent en deuxième position, et les études mettent unanimement en avant un rajeunissement progressif de la communauté[2] ! Au cœur de cette tendance, impossible de ne pas voir le rôle clé des outils du numériques, qui se sont avérés être une véritable opportunité pour donner ou redonner aux jeunes générations le goût de la cuisine.

Le développement d’applications comme Instagram ou de plateformes comme Pinterest, sur lesquelles les internautes créent des tableaux et épinglent des pages selon leurs centres d’intérêts, a permis de partager beaucoup plus facilement les photos de leurs créations. Le selfie comporte son équivalent en cuisine : un portrait de plat soigneusement concocté. Procurant un sentiment de satisfaction, les likes et commentaires sont d'excellentes sources de motivation.

On sait également que les jeunes sont friands d’humour sur Internet. Des sites comme le Gorafi qui tourne en dérision l’actualité ou VDM qui raconte en deux phrases les mésaventures quotidiennes, sont des concepts qui rencontrent un large succès. La cuisine a su surfer sur cette vague en multipliant les blogs décalés ou humoristiques pour se défaire de l’image « barbante » que peut avoir la pratique. C’est l’objet du blog Dommage Kitchen, dans lequel les recettes répondent à une situation loquace ou mésaventure en cuisine (« il est 19h, mes beaux-parents viennent dîner ! »), et plus généralement de nombreux blogs destinés aux étudiants, souvent réalisés par des étudiants comme cuisine-étudiant, qui proposent de faire face aux contraintes de petit budget, planning serré, légumes désavoués…  

Si l’on croise ces tendances avec celles hors-numériques que sont le développement des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture de proximité), les services de « paniers légumes » dans les universités… alors on peut être rassuré sur les vertus du numérique. Internet s’immisce dans la cuisine, faisons-lui de la place !


[1] LABRO Camille, « Bienvenue dans la foodosphère », M le magazine du Monde , 19 Novembre 2014. URL : http://scally.typepad.com/files/foodosph%C3%A8re-pdf.pdf

[2] « Infographie : Qui sont les blogueurs Food ? », Les Gourmands 2.0, 17 mars 2014. URL : http://lesgourmands2-0.com/2014/03/infographie-qui-sont-les-blogueurs-food/