Interview Rachel Khoo "Je souhaite désacraliser la gastronomie française !"

Pourquoi avoir choisi Paris comme ville d'accueil ?
Quelle question ! C'est Paris, c'est magnifique, cette ville fait rêver le monde entier, et pour moi qui voulais apprendre à cuisiner, c'était idéal.

rachel khoo adore la pâtisserie française !
Rachel Khoo adore la pâtisserie Française ! © Rachel Khoo

Visiblement vous n'avez pas été déçue... puisque vous êtes restée depuis ?
Et je compte bien y rester ! J'adore cette ville aussi bien pour son ambiance que pour la cuisine. Il y a toujours de nouveaux lieux à découvrir et des personnes à rencontrer.

Pourquoi et comment revisitez-vous la cuisine française ?
Je m'adresse en premier lieu à un public anglais, qui a encore de nombreux préjugés sur la cuisine française : difficile, chère,  qui prend du temps, etc... Mon objectif est de désacraliser cette cuisine et de montrer qu'elle est accessible à tous, tout en lui apportant une touche de modernité.

Quelles sont les retombées du public ?
Le livre marche très bien, il a déjà été traduit en 8 langues et il sortira aux Etats-Unis le mois prochain. Je touche du bois pour qu'il fonctionne aussi là-bas. Pour autant, mon objectif n'est pas de vendre le plus d'exemplaires possible, mais d'inciter les gens à cuisiner. Je ne veux pas que mon livre soit uniquement considéré comme un bel objet à ranger dans une bibliothèque, comme c'est souvent le cas avec des ouvrages, qui sont certes magnifiques, mais dont les recettes proposées sont irréalisables. Je veux que mon livre trouve sa place dans la cuisine et que ses pages soient abimées. Voilà pourquoi je ne propose que des recettes ludiques et accessibles à tous.

Vous animez depuis quelques mois " The little Paris Kitchen " sur la BBC. Une volonté de promouvoir la gastronomie française auprès de nos voisins les Anglais ?

"Oserai-je même dire qu'on mange bien mieux à Londres qu'a Paris désormais"

Je veux faire découvrir cette cuisine au plus grand nombre. L'émission est désormais visible en Afrique du Sud, c'est un plaisir de voir mon public grandir.

Quel regard portez-vous sur la gastronomie Anglaise ?
A Londres, la gastronomie a beaucoup évolué. La cuisine est très cosmopolite et tire ses influences du monde entier. Oserai-je même dire qu'au niveau de la "world food", on mange bien mieux à Londres qu'a Paris désormais... (rires, ndlr)

Votre livre est sorti en France depuis quelques mois, que pensez-vous qu'il puisse apporter à un public français ?
Tout comme pour mon public Anglais, j'espère qu'il va donner envie aux Français de cuisiner et qu'ils apprécieront ce regard étranger sur leur gastronomie.

Qu'est ce qui caractérise le plus la gastronomie française pour vous ?
Pour moi gastronomie française rime avec "bien manger". En France vous avez la chance de pouvoir manger des produits frais même avec un petit budget. Chaque quartier de Paris a un – voire – plusieurs marchés et les produits y sont très abordables. En Angleterre, ces produits sont très chers, ce qui oblige la majorité des habitants à s'approvisionner au supermarché. J'ai cependant remarqué que les français perdaient leurs bonnes habitudes alimentaires et qu'ils ont de plus en plus tendance à acheter des produits d'origine industriels. Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser : ce sont les parisiens qui envient les New Yorkais avec leurs burgers, cupcakes, etc... Ce n'est pourtant pas très sain et c'est surtout bien moins bon que la cuisine française. Les cupcakes sont esthétiquement très mignons, mais côté saveurs, rien à voir avec la pâtisserie française qui est mille fois meilleure !

Votre plat préféré est-il un plat français ?
J'aime tellement de choses, qu'il m'est difficile de faire un choix. J'aime tout ce qui est frais, je cuisine surtout des légumes sans pour autant être végétarienne. Je me définirais plus comme flexitarienne. Je mange de la viande et du poisson, mais pas tous les jours. Je préfère acheter un bon morceau de viande d'excellente qualité chez le boucher une fois par semaine, plutôt qu'une pièce du supermarché à deux euros tous les jours.

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