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François Théron

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(Glaces Picard)
"Je crée des glaces comme d'autres créent des parfums"

Vous connaissez sûrement les glaces "François Théron" chez Picard, mais connaissez-vous l'homme qui a donné son nom à cette marque ? Nous avons rencontré ce créateur de produits alimentaires, passionné de saveurs sucrées et fondantes.

D'où vous vient la passion des glaces ?
François Théron Depuis tout petit j'aime faire des confitures, des gâteaux, des pâtisseries… A 21 ans, j'ai quitté ma ville natale, Boulogne-sur-mer, et je suis monté à Paris. Le hasard a voulu que j'habite juste en face du glacier Berthillon, sur les bords de Seine. J'ai alors découvert deux choses : ce qu'étaient vraiment les glaces et les sorbets et ce qu'apportait la passion à un produit. En province, les gens ne connaissaient alors que les sorbets industriels et ils les assimilaient à de simples glaces à l'eau...

Comment êtes-vous devenu créateur de glaces ?
J'ai un parcours atypique puisque j'ai d'abord travaillé 10 ans dans un cabinet d'architecture. A 36 ans, j'ai décidé de changer de vie et j'ai ouvert un restaurant, La Charlotte, à Boulogne-sur-mer. Cela peut surprendre, mais j'ai toujours aimé dessiner, cuisiner et entreprendre. J'ai changé de métier mais je suis resté dans le domaine de la création. C'est à La Charlotte que j'ai fait mes premiers sorbets, j'avais acheté une petite sorbetière Seb et je préparais des sorbets avec des fruits frais. Tout de suite les clients ont adoré. J'ai alors ouvert une petite boutique de glaces à Hardelot, près du Touquet. C'est là que se trouve aujourd'hui mon atelier de création.

Qui a eu l'idée de donner votre nom à une des marques de glaces Picard ?
C'est un accord que j'ai passé en 1992 avec Picard Surgelés et son directeur Armand Decelle. Dans mon laboratoire à Hardelot, je mets au point des prototypes de glaces et de sorbets, j'élabore de nouvelles recettes, et puis je vais les développer dans les usines Picard. Je cherche avant tout ce qui séduira les consommateurs, et si ça plaît, nous développons le produit.

Créez-vous souvent de nouveaux produits pour Picard ?
Chaque année. A l'été 2004 par exemple, nous avons lancé 4 "éphémères" : cerise griotte/fruits rouges, rhubarbe framboisée, litchi/saveur de rose et framboise/saveur de violette. Dans ces deux derniers, j'ai voulu, comme un parfumeur, oser les mélanges fruits/fleurs et faire voyager : le sorbet litchi/rose a des saveurs d'Asie, tandis que le sorbet framboise/violette rappelle l'enfance.

Quelles sont vos sources d'inspiration ?
J'ai une nature curieuse et j'adore étonner. Mes sources d'inspiration sont multiples. Je voyage beaucoup, à Milan, Londres, New-York, Anvers. Je cuisine énormément pour ma famille, mes amis, mes clients, 200 couverts par an environ Je suis toujours à l'affût des dernières tendances, je vais beaucoup au restaurant, je regarde tout ce qui se passe autour de moi… Et puis les glaces et les sorbets ne sont que le haut de l'iceberg, je crée d'autres produits alimentaires, cela va des pizzas aux plats cuisinés en passant par les gâteaux, pour différents groupes ou enseignes : Air France, Tipiak, Quick, Ebly…

Quels sont les glaces et sorbets qui ont le plus de succès ?
Il y a les grands classiques qui marchent toujours, ce sont la vanille et le chocolat pour les glaces ; le cassis, le citron et la framboise pour les sorbets. Parfois un nouveau produit va plaire et va devenir un classique, ça a été le cas du caramel beurre salé. Mais l'évolution est lente, les gens achètent les classiques et puis essaient de temps en temps les nouveautés.

Quels sont vos glaces et sorbets préférés ?
J'aime beaucoup la glace à la vanille que nous faisons avec des gousses coupées et égrainées à la main, et aussi la glace au caramel beurre salé, une saveur que j'ai découvert à Quiberon. Du côté des sorbets, j'aime bien celui à la mangue, on a l'impression de croquer à pleines dents dans une tranche de mangue fraîche.

Dans quel pays selon vous mange t-on les meilleurs glaces et sorbets ?
Cela dépend des goûts des pays. La France fait de très bons sorbets, fruités et acidulés. En Allemagne, les glaces sont plus grasses. Aux Etats-Unis aussi, en plus elles ont une touche de salé, mais je les trouve excellentes. Les Italiens bien sûr sont très forts pour les glaces : leur texture est foisonnée, elles sont légères en bouche…

 

Propos recueillis en août 2004 par Emilie Godineau


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