Magazine
 

"On reconnaît les grandes huiles à leur note végétale et à leur goût d'amande fraîche"

  Envoyer Imprimer  


Passionné des arômes, Eric Verdier met depuis six ans son incroyable palais au service d'Oliviers & Co., spécialiste français de l'huile d'olive, qui répand les bienfaits de ce pur jus de fruit aux quatres coins de la planète. (Août 2003)

Sommaire

Choisir

Santé
Interview
Histoire
Recettes
Sites

Vous êtes dégustateur d'huile d'olive, y en t-il beaucoup en France ?
Au niveau professionnel, nous devons être cinq ou six. C'est un métier qui demande beaucoup de pratique sur le terrain, mais également des études physico-chimiques pour connaître les différents types de molécules aromatiques. En goûtant une huile d'olive, nous devons pouvoir dire si elle a subi un bon traitement tout au long de sa fabrication, de la récolte à la mise en bouteille. L'huile d'olive est un produit fragile et son coût de production est élevé.

Comment êtes-vous devenu dégustateur-sélectionneur chez Olivier & Co. ?
Au départ, j'ai suivi une formation de maître de chai. Et puis, par passion pour les vins et le monde grec, je suis devenu dégustateur. Les Grecs ont dressé une classification des huiles d'olive avant de classer les vins ! C'était une nécessité vitale, car c'était le seul corps gras produit en quantité. Par passion donc, j'ai monté une société d'analyse sensorielle, Eric Verdier Diffusion, spécialisé aussi bien dans l'analyse des vins, que du café, du chocolat et de l'huile d'olive. Tout est question d'arômes et de palais. Je suis dégustateur chez Olivier & Co. depuis six ans. Chaque année je sélectionne pour eux 20 à 22 huiles d'olive.

Eric Verdier
"Une bonne huile doit être fluide, sapide et brillante"

Que pensez-vous des huiles d'olive vendue en grandes surfaces ?
Depuis deux-trois ans, il y a un véritable effort qui a été fait : on trouve des huiles d'olive de base, peu aromatiques, mais sans mauvais goûts. Ce qui n'était pas le cas il y a cinq ans ! On trouvait alors des huiles pas fraîches, lourdes, savonneuses… La différence entre les huiles d'olive vendues en grande surface et celles que nous vendons, c'est un peu la même que la différence entre un vin de table et un grand cru. Elles ne sont pas forcément mauvaises, mais elles n'ont pas toutes les saveurs et la finesse des grandes huiles.

Comment définiriez-vous une bonne huile d'olive ?
Comme l'huile d'olive est une graisse végétale, elle doit être légère, aérienne, fluide, elle ne doit pas coller au palais. Si une huile est lourde, c'est qu'elle est trop vieille ou qu'elle a été faite avec des olives trop mûres. Une bonne huile doit également être sapide, avoir beaucoup de saveurs. On reconnaît les grandes huiles à leur note végétale (artichaut, feuille de laurier, feuille de tomate…) et leur goût d'amande fraîche. Enfin, une bonne huile d'olive doit être brillante, c'est-à-dire renvoyer la lumière. Comme pour le poisson, son éclat est signe de fraîcheur. Si une huile est terne c'est qu'elle est oxydée.

Quels critères doit prendre en compte le consommateur pour choisir son huile d'olive ?
L'huile doit être millésimée et le nom du verger ou du moulin doit être indiqué. C'est la preuve qu'il n'y a pas eu de mélange entre les huiles. Il existe aussi des appellations d'origine contrôlée (AOC), les appellations d'origine protégée (AOP) et les identifications géographiques protégées (IGP). Enfin, Oliviers & Co. est devenu un label de qualité. Parce que les gens n'ont pas forcément la possibillité de goûter les huiles d'olive, nous les sélectionnons pour eux et nous les conseillons en fonction de leurs demandes.

Quel est le prix minimum pour acheter une huile d'olive ?
Le prix des huiles d'olive varie de 2 à 70 euros le litre. Pour 15 à 20 euros le litre minimum, vous avez la garantie d'une huile issue d'un travail artisanal correct. Mais on achète la bonne huile qu'en bouteille de 50 centilitres...

Comment se situe la France par rapport aux autres pays producteurs ?
L'Espagne est de loin le plus gros producteur avec 1 million de tonnes d'huile d'olive par an, contre 30 000 tonnes en France. Mais depuis cinq ans, la production française redémarre et est de qualité. La tradition oléicole française est familiale, alors qu'en Espagne elle est industrielle. Les grands crus viennent avant tout d'Italie (de Toscane, de Sicile et de Campanie en particulier), mais aussi de France et de Grèce qui a un extraordinaire terroir.


Comment expliquez-vous l'engouement récent pour l'huile d'olive ?
Il correspond à l'intérêt croissant de notre société pour le corps. Déjà dans l'Antiquité, l'huile d'olive servait pour les soins du corps. Aujourd'hui, les gens veulent perdre du poids, avoir une vie plus saine, vivre plus longtemps. Ils rêvent d'éternelle jeunesse et ont peur de la mort. L'olivier est un symbole de longévité, certains oliviers en Crète ont plus de 2 000 ans. Maintenant, dans l'alimentation, il y a une vraie demande de qualité. Quand j'ai commencé chez Olivier & Co. il y avait une boutique. Il y en aura 60 dans une dizaine de pays, à la fin de l'année. Les gens veulent redécouvrir les produits authentiques…


Donnez-nous quelques recettes…
L'huile d'olive se marie très bien avec les poissons en papillote ou grillés, les viandes blanches, les pâtes fraîches, les crustacés… Vous imaginez une ratatouille sans huile d'olive ? Essayez aussi sur un petit chèvre chaud, une purée de pomme de terre ou des fraises au sucre…
C'est du bonheur pour pas cher !

Sommaire

Choisir

Santé
Interview
Histoire
Recettes
Sites

Et vous, quelles sont vos huiles d'olive préférées ?
J'ai un faible pour la "Galiga de Vetrice", issue d'un verger situé à 850 mètres d'altitude en Toscane. Elle est délicieuse avec des cœurs d'artichaut frais et émincés. J'aime aussi celle du "Château du Vignal" des collines niçoises, elle est douce, lactée, amandée, une pureté de goût extraordinaire. Je la conseille avec un filet de rouget grillé ou des petites pommes de terre bouillies et un peu de fleur de sel...
Toutes ces recettes sont simples, mais extrêmement riches en saveurs.

 

Magazine Cuisiner Envoyer Imprimer Haut de page