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Nathaly Nicolas

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"Le vinaigre balsamique, tout le monde en parle, mais personne ne sait vraiment ce que c'est"

Nathaly Nicolas, journaliste culinaire amoureuse des produits italiens, nous explique ce qu'est le vinaigre balsamique. Comment se fabrique t-il ? Qu'a t-il de différents des autres ? Avec quoi l'utiliser ?

Vous êtes journaliste culinaire. Pourquoi avez-vous choisi d'écrire votre premier livre sur le vinaigre balsamique ?
Nathaly Nicolas D'abord parce que j'adore les produits italiens, mon mari est italien... Ensuite, parce que depuis quelques années en France, le vinaigre balsamique est à la mode. Tout le monde en parle, mais personne ne sait ce que c'est… C'est un produits cher qu'on trouvait avant dans les épiceries fines et qu'on trouve aujourd'hui dans les linéaires de tous les supermarchés. J'ai mené une enquête pour expliquer aux gens ce qu'est vraiment ce produit, pour qu'ils sachent ce qu'ils achètent.

Comment expliquez-vous l'engouement récent pour ce vinaigre ?
En cuisine, il suffit parfois qu'un chef s'intéresse à un produit pour lancer une mode… L'engouement pour le vinaigre balsamique est venu naturellement compléter le mouvement en faveur des produits méditerranéens. Huile d'olive, parmesan, tomates confites… les produits italiens "de luxe" sont à la mode. En plus, nous sommes dans une période où l'on parle beaucoup de gastronomie, de "bonne bouffe". Aujourd'hui, les chefs sont des stars, les produits sont des stars… Ces thèmes alimentent tous les discours des dîners mondains. On est à la recherche de produits de terroir, authentiques, artisanaux et chers. Cela correspond exactement au vinaigre balsamique.

Son livre

Le vinaigre balsamique, Editions du Rouergue, 2003, 96 pages, 10 euros.

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Depuis combien de temps fait-on du vinaigre balsamique ?
On dit que Lucrèce Borgia en buvait après ses accouchement pour reprendre des forces… En tout cas, c'est en 1860 que sa méthode de fabrication a été mise au point. Et c'est Napoléon qui, malgré lui, a étendu sa production : ces soldats, en s'emparant du palais ducal de Modène y ont trouvé des tonneaux qu'ils ont revendus à des familles de grands propriétaires qui se sont alors lancés dans la fabrication de vinaigre.

Comment est fabriqué le vinaigre balsamique ?
En fait, ce que beaucoup ne savent pas, c'est que derrière l'appellation "aceto balsamico" il existe deux produits distincts : l'"aceto balsamico di Modena" qu'on utilise comme vinaigre et l'"aceto balsamico tradizionale di Modena" qui est un condiment, il ne se dilue pas, on l'utilise goutte à goutte, il est plus cher mais de meilleure qualité. Ces deux produits proviennent du moût du raisin des cépages Trebbiano qu'on cuit dans des chaudrons. Mais, le vinaigre passe ensuite 3 mois minimum, voire plusieurs années, en fût ; tandis que le condiment vieillit 12 ou 25 ans et passe chaque années dans un tonneau plus petit. Aujourd'hui, on trouve le vinaigre dans tous les supermarchés. On peut acheter le condiment dans les épiceries fines et les traiteurs italiens. Il se présente dans des bouteilles rondes de 100 ml.

Qu'est-ce que le vinaigre balsamique a de différent des autres ?
Ce vinaigre correspond à un territoire, une production AOC (DOC en italien pour "denominazione di origine controllata"), et il peut vieillir des années dans des fûts en bois dans les greniers de Modène, en Emilie-Romagne. Tout comme vous ne pourriez pas faire du roquefort en Amérique du Sud, on ne peut pas faire de bon vinaigre balsamique autre part qu'à Modène. A Modène, il y a un micro-climat qui permet la fabrication de ce vinaigre. Il y a une amplitude thermique importante, les hivers sont froids et humides et les étés sont très chauds.

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Quel est son goût et avec quel plat peut-on l'utiliser ?
Il est très sirupeux, moins liquide que les autres vinaigres. Son goût est complexe, sucré et fruité avec des notes d'abricot, de raisin, de noisette… En vinaigrette, il faut absolument le marier avec de l'huile d'olive, sans sel ni poivre. On peut aussi le réduire à la casserole pour faire un nappage pour les viandes rouges, volailles, poissons, fruits frais (pommes, poires, fraises, melons…). Le condiment, lui, comme on l'a vu, ne se dilue pas, une simple goutte envahit les papilles. On peut en mettre sur du parmesan, des fruits frais, de la glace…

Comme l'huile d'olive, le vinaigre balsamique est-il bon pour la santé ?
Les habitants d'Emilie-Romagne vous diront qu'il est bon pour tout : les maux de gorge (on dit que Pavaroti en prend), le manque de force (comme Lucrèce Borgia)… mais rien n'est prouvé scientifiquement.

Comment choisir le vinaigre balsamique ?
Déjà, si la bouteille présente la colerette du "Consorzio di aceto balsamico di Modena", on est sûr que ce vinaigre vient de Modène et non pas d'une autre région d'Italie ou même d'Espagne. De plus, il faut savoir que si l'étiquette est rouge, cela signifie que le vinaigre a moins de 3 ans, et si elle est blanche cela signifie que le vinaigre a au moins 3 ans. Je conseille le Monari Federzoni, un vinaigre de base qu'on trouve dans tous les supermarchés. Il y a différents âges (au moins 3 mois) et donc différents prix. Il faut compter 2,5 euros maximum pour 25 cl de vinaigre de moins de 3 ans et 6 euros pour 25 cl de vinaigre de plus de 3 ans.

Quelle est votre recette avec du vinaigre préférée ?
Une glace au vinaigre que je propose dans mes cours de cuisine. Il s'agit d'une glace peu sucrée, faite avec de la crème anglaise et du condiment…

Vous avez un site Internet pour présenter vos cours de cuisine. Avoir un site c'est important pour vous ?
Le site est ouvert depuis le début de l'année et je ne l'ai pas encore référencé… Mais cela me semble important pour que des élèves potentiels puissent voir les programmes que je propose et aussi, grâce aux photos, le lieu où se dérouleront les cours.

Quel sera votre prochain livre ?
Je travaille actuellement sur un livre de recettes qui devrait sortir chez Larousse en septembre 2005. Il s'agit de 100 recettes classiques révisitées : madeleine au thé vert, petit pois à la crème et cardamone… J'aime confronter des recettes classiques à des produits plus exotiques.

Propos recueillis en juin 2004 par Emilie Godineau


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