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Graeme Bent

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(Joe Allen)
"Pour les Américains, le brunch c'est plutôt un état d'esprit"

Graeme Bent gère à Paris un petit bout de New-York, avec le restaurant Joe Allen. Il nous explique ce que le "brunch" représente vraiment pour les Américains et nous livre ses différentes adaptations pour plaire aux clients français. (Septembre 2004)

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Vous êtes le cuisinier du Joe Allen de Paris. Qu'est-ce que les restaurants Joe Allen ?
Graeme Bent Joe Allen a ouvert son premier restaurant à New-York il y a 37 ans. Il en existe aujourd'hui deux autres aux Etats-Unis : un à Miami beach, ouvert il y a 5 ans, et un dans le Maine, depuis le printemps dernier. Nous avons aussi un Joe Allen à Londres depuis 30 ans. Le Joe Allen français existe depuis 32 ans et j'y travaille depuis 10 ans, après avoir collaboré avec Joe au Canada et à New-York. Tous ces restaurant sont dans le même esprit : on essaye d'y retranscrire l'ambiance de New-York. D'ailleurs, même si 80 % de notre clientèle est française, la moitié au moins a une connexion avec New-York ou les Etats-Unis, que ce soit par le travail ou la famille. Ici, c'est un petit coin de New-York...

Qu'est-ce qu'un brunch réussi selon vous ?
Pour nous les Américains, le brunch c'est plutôt un état d'esprit, une période de la journée. Ici, on peut papoter tranquillement et traîner aussi longtemps qu'on le veut. En France, le brunch devient vite un repas un peu coincé et j'ai l'impression que les Français n'ont pas vraiment compris l'esprit du brunch. Si on va à New-York et que l'on demande un brunch, on nous regarde bizarrement : les oeufs brouillés, les oeufs Bénédict, les bagels, c'est la base de notre alimentation et on ne les nomme pas particulièrement.

Malgré tout sur votre carte on trouve la mention "brunch"...
C'est pour que le client ne soit pas perdu ! Chez nous le brunch n’est pas une formule à part entière, cela comprend implicitement certains plats comme ceux à base d’œufs, les muffins, les pancakes, etc. En semaine c’est totalement l’esprit américain c’est un "all day brunch", c'est-à-dire que des plats comme les "oeufs brouillés avec des saucisses grillées et des pommes de terres rôties au romarin" sont servis toute la journée. Le week-end et les jours fériés nous avons crée une vraie formule brunch qui est servie de midi à 16 heures. Cette formule comprend un verre de jus de fruit, un café américain, un thé ou un chocolat, ainsi qu’une grande assiette de spécialités sucrées et salées. Nous proposons différentes assiettes comme celle avec des œufs au plat, du bacon, des pancakes et des pommes de terre au romarin, ou encore celle avec du saumon fumé, du fromage frais et un baggel grillé.

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Le brunch, en formule ou en semaine, a-t-il du succès en France ?
Oui, beaucoup d’autant plus qu’il y a plein d’autres propositions à la carte qui peuvent compléter votre repas et qui correspondent parfaitement à l’esprit du brunch new-yorkais, tels que les muffins faits maison, le cheese cake, etc. Par contre j’ai remarqué que les Français sont parfois étonnés de se voir servir leurs œufs dans la même assiette que leurs pancakes, qu’il considèrent a priori comme un dessert : si ce mélange les dérange trop, on leur donne une assiette séparée, ça les rassure !

Votre mot d’ordre semble être la flexibilité et la satisfaction du client...
Tout à fait, d’ailleurs nous renouvelons la carte tous les jours et nous la présentons sous forme d’imprimé pour les clients. C’est une garantie de qualité parce qu’on s’adapte à la saison, au goût des gens. Je représente le groupe Joe Allen en France et je veux que la qualité soit irréprochable. Par exemple, on ne prépare pas les plats à l’avance et quand il y a 300 couverts c’est un véritable challenge de servir tout ce qui est à base d’œufs parce qu’on les casse au fur et à mesure ! Je prépare ma sauce hollandaise moi-même et nos pâtisseries sont faites maisons. Je suis livré tous les jours et nos clients voient biens que nos produits sont frais et artisanaux : ce que nous proposons est simple mais c’est la qualité qui fait la différence. Ici, c’est un restaurant d’une certaine classe, qui réprésente l’ambiance du Joe Allen new-yorkais, spécifique des grandes villes américaines. On ne peut pas le comparer à certains "diners américains" où vous pourrez aussi manger des œufs, du bacon, des pancakes, etc, à moindre prix, mais pour une qualité nettement moins bonne.

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Pensez-vous que le concept du Joe Allen pourrait s’exporter dans d’autres pays du monde ?
Oui, tout à fait, en Asie par exemple. Mais il faudrait que ce soit de grandes villes étrangères et qu’elles aient une communauté d’expatriés américains qui soient heureux de retrouver l’ambiance new-yorkaise loin de chez eux et qui puissent donner l’impulsion et l'envie au reste de la population de venir dans notre restaurant.

Propos recueillis par Magalie Guilpain

Joe Allen Restaurant :
30 rue Pierre Lescot, 75 001 Paris
Tél : 01 42 36 70 13
Ouvert tous les jours de 12h00 à 1h00.


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