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Isabelle et Sylvain Olivier

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(Ferme Fruirouge)
"Nos fruits n'ont jamais connu l'autoroute "

Isabelle et Sylvain Olivier sont producteurs et transformateurs de fruits rouges à Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne. Leur credo : miser sur la qualité et non pas sur la quantité pour les produits qu'ils vendent dans leur ferme. (Juin 2004)

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Depuis quand la Ferme Fruirouge existe-t-elle ?
Isabelle et Sylvain Olivier Nous avons commencé à travailler à la ferme en 1992. C'est une ferme de famille et nous sommes la 5ème génération. C'est en 1995 que nous avons repris l'affaire à notre compte. Nous avons 4,5 hectares de culture : deux personnes travaillent à l'année pour nous et nous sommes à peu près 20 pendant la période des cueillettes.

Pourquoi cet intérêt particulier pour les fruits rouges ?
Ce sont des fruits traditionnels dans notre petite région, les Hautes Côtes de Nuits. Cultiver les fruits rouges, c'était une alternative à la vigne. En plus, on a une vraie passion pour les fruits rouges : je crois qu'on peut dire qu' il y a un peu de cassis qui coule dans nos veines !

Qu'est-ce que les fruits rouges ont de plus par rapport aux autres fruits ?
Ce sont des fruits rattachés à l'enfance, à l'affectif... On a tous cueilli des framboises ou des cerises dans notre jardin. Ils sont savoureux et font penser à l'été.

La culture des fruits rouges impose-t-elle des exigences particulières?
Nous cultivons des fraises, des framboises, des cerises, des groseilles, du cassis et bien sûr chaque fruit a ses exigences propres. Le cassis nécessite par exemple un hiver rigoureux pour qu'il y ait des pousses au printemps. Ce n'est pas un fruit qui peut proliférer à l'état sauvage parce que le micro-climat français est trop doux et ne lui convient pas vraiment, il faut donc être particulièrement attentif à sa culture.

Quelles sortes de produits vendez-vous ?
De la confiture, des boissons sans alcool à base de fruits rouges, du vinaigre, des fruits à l'eau, de la crème de cassis et du ratafia (macération de fruits dans de l'alcool). Nos produits sont vendus dans notre ferme et vous pouvez imprimer un bon de commande sur notre site. Ils ne sont pas distribués dans les grandes surfaces car nous les produisons en petite quantité et nous n'adhérons pas au principe de la grande distribution, mais certains restaurateurs les proposent. Nos crèmes et nos sirops sont présents dans des épiceries fines à l'étranger, notamment en Belgique, en Suisse, en Angleterre, en Allemagne, au Japon ou aux Etat-Unis. Le seul bar à Paris à proposer nos crèmes et nos sirops s'appelle Le Baron Rouge, 1 rue Théophile Roussel dans le 12ème arrondissement.

Son site

Quel est le produit qui a le plus de succès ?
En ce moment le ratafia de framboises marche très bien. C'est une infusion de fruits dans l'alcool à laquelle on ajoute du miel d'acacia. Il est consommé en digestif doux, ou peut servir en cuisine. Mais notre produit indétrônable reste la crème de cassis, produit emblématique de la Bourgogne.

En quoi vos produits se démarquent-ils des autres ?
Nos fruits n'ont jamais connu l'autoroute, nous les cultivons sur place. Ils sont cueillis à maturité et nous évitons de les pulvériser d'engrais : chez nous, c'est la qualité qui prime, pas la quantité. Comme nous avons une matière première extra, le produit fini est de très bonne qualité. On n'est pas regardant sur le temps de fabrication ou la quantité de fruits à transformer : par exemple dans le commerce il y a environ 400 grammes de cassis par litre dans la crème de cassis, chez nous c'est un minimum de 800 grammes de fruits. En plus, nos fruits sont encore meilleurs transformés car ils libèrent beaucoup d'arômes cachés. Le "tour de main" maison qu'on y ajoute fait que nos produits ont beaucoup de succès. D'ailleurs nous ne fournissons qu'un dixième des demandes que l'on nous fait, mais nous ne souhaitons pas nous agrandir.

Coment vous organisez-vous pendant l'année entre la culture, les récoltes, la préparation et la vente ?
On planifie au maximum, une semaine ou deux à l'avance. Des saisonniers nous aident pour la cueillette, qui s'étale de juin à juillet. Ensuite, on stocke les fruits au frigo, ce qui nous permet de fabriquer au fur et à mesure, en petites quantités mais avec la satisfaction d'obtenir une très bonne qualité. L'intérêt de ne pas produire en masse, c'est que le produit que vous achetez est "frais" : une confiture mise en pot il y a quelques jours est bien plus savoureuse et moins oxydée que si elle a été conditionnée il y a un an. On peut aussi dire que c'est la nature qui guide notre rythme : si une liqueur n'a pas le goût que nous voulons au bout de 3 mois de macération, on n'hésite pas à la laisser s'affiner plusieurs mois encore. Cette exigence de qualité est possible parce que nous ne voulons pas devenir un grand distributeur et bien que nous ne produisions que de très petites quantités, le bouche à oreille fonctionne à merveille et notre entreprse marche très bien. Même si nous allons à contre-courant du principe de grande distribution, nous sommes persuadés que, dans le circuit industriel, il y a de la place pour des petits producteurs passionnés comme nous, qui vendent des produits de très bonne qualité et en petite quantité.

Leur ferme

Une préférence pour un fruit rouge en particulier?
Isabelle C'est une affaire de goût mais j'avoue que j'aime bien la fraise, même si ce n'est pas le fruit le plus "facile" : c'est un fruit très délicat qui nécessite une transformation subtile pour ne pas altérer son goût.

Vous participez également à des salons agricoles, est-ce que les fruits rouges ont la cote ?
Oui, nos produits à base de fruits rouges sont très "typés", ce sont des produits qui viennent de la terre et ils plaisent beaucoup. On privilégie les salons où les exposants produisent eux-mêmes leur matière première. Il y vient une clientèle ciblée qui recherche la qualité et c'est un bon moyen de fidéliser les clients : on rencontre par exemple des Parisiens qui viennent nous revoir pendant leurs vacances.

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Vous faites découvrir les fruits rouges au public en organisant des visites de votre ferme et de la région. Qu'est-ce qui attire les touristes dans ces parcours "fruits rouges"?
Le fait de découvrir les racines d'un produit plait beaucoup. Les gens sont dans l'ambiance, ils dégustent, ils sentent : tout ce qui est autour du produit, son environnement, renforce l'intérêt pour le produit fini.

Vous avez votre propre site internet. Qui l'a créé?
Sylvain C'est ma femme. Nous avons faits des études supérieures, Isabelle était dans le mileu de la communication, cela faisait pas mal de temps qu'on pensait faire un site. Il existe maintenant depuis 6 mois et plaît particulièrement aux clients américains qui dès qu'ils rentrent chez eux peuvent montrer à leurs amis la petite ferme française qu'ils ont visitée pendant les vacances !

Ferme Fruirouge :
Hameau de Concoeur, 21700 Nuits-Saint-Georges
Tél : 03 80 62 36 25

Propos recueillis par Magalie Guilpain

 

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