Sculpteur primeur : par amour des fruits et légumes
David et Charlotte ont fondé l'entreprise "Sculpteur primeur". Leur matière première : les fruits et légumes de saison. Ces deux passionnés nous parlent de leur métier.
Qui se cache derrière "Sculpteur primeur" ?
"Sculpteur primeur", c'est David et Charlotte, en couple depuis 21 ans, avec 2 enfants.
Quand et pourquoi s'être lancé dans cette entreprise ?
Nous avons passé, il y a 22 ans, notre CAP de restauration à Dax. A 30 ans, David a repris ses études pour passer son diplôme de cuisinier. Lors d'une sortie avec l'école sur un salon culinaire à Lyon, il a découvert la sculpture. Il a acheté le bouquin, a trafiqué mon vide-pomme en gouge, il s'est pris au jeu et c'est parti... Très vite il s'est documenté (beaucoup de livres), équipé en couteaux adéquats, vous connaissez le résultat.
En ce qui me concerne je suis restée dans le domaine de la restauration et en 2010 j'ai suivi (auprès de la CCI de l'Oise), une formation de création d'entreprise dans l'idée de créer sculpteur primeur. Nous aimons la restauration. Le décor d'une table est très important. Une sculpture, que ce soit une rose en carotte dans une verrine ou une composition en centre de table, interpelle et suscite toujours la curiosité de la clientèle.
"Une sculpture se conserve environ deux semaines"
Pourquoi avoir choisi le produit maraîcher comme support de travail ? N'est-ce pas frustrant de savoir son œuvre éphémère ?La sculpture sur fruits et légumes est un art ancestral thaïlandais. Ce qui importe, c'est la curiosité, la réaction, l'intérêt des gens. Quand on fait une prestation j'appelle les clients pour savoir comment ça s'est passé, entendre leur satisfaction. Après, si les consignes de conservation sont suivies, ils peuvent en profiter minimum deux semaines de la sculpture (comme un bouquet de fleurs), et depuis peu, nous proposons la reproduction de la création sur savon.
Quels sont vos principaux supports (types de fruits et légumes) ?
Nous suivons les saisons. Au printemps et en été, on travaille sur différents melons (Cavaillon, d'eau, jaune.....), pastèque, fruits exotiques, papaye brésilienne. En automne, on aura citrouilles, butternut, courges. Et pendant le reste de l'année, des carottes, navets, pommes rouge, poireaux, citrons, radis rouges, etc.
Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Nous consultons beaucoup les livres et regardons également ce que font nos collègues.
"La mangue est difficile à sculpter"
Comment choisissez-vous vos supports ? L'aspect visuel est important. Dans certains cas, il favorise la sculpture. Par exemple : l'aubergine ou le concombre pour réaliser un pingouin, baleine, requin, aussi la chayote qui ressemble à une personne édentée... agrémentée de deux ou trois bouts de carotte, racine d'un poireau, vous avez une sorcière. Les plus jeunes adorent ! Nous faisons également attention à la maturité du produit. Des fois, c'est la surprise. Une pastèque peut paraître bien et au premier coup de couteau elle éclate. De ce fait, on prend toujours plusieurs pièces.
Quels produits maraîchers sont les plus compliqués à sculpter ?
Il n'y a pas vraiment de légumes compliqués mais certains sont fragiles comme la mangue pour sa chair délicate, par contre certaines citrouilles, potimarrons et autres courges italiennes ont une peau assez dure.
Y a-t-il des produits que vous n'utilisez jamais ?
Nous évitons les périssables : bananes (elles noircissent trop vite), les filandreux (impossibles de les travailler)
"Une sculpture nécessite de 10 minutes à 30 heures de travail"
Combien de temps passez-vous en moyenne sur une sculpture (exemples) ? Quelle réalisation vous a pris le plus de temps ? David passe de 10 à 20 min pour une fleur simple en carotte, radis rose de chine, petite composition environ 2h , une déco à thème peu prendre 5 à 10h de travail suivant la demande, si c'est une nouvelle création ou pas car il y a un travail de recherche et de dessin comme l'autoportrait de Van Gogh qui a était réalisé en 30 heures car il privilégie le dessin plutôt que les pochoirs comme beaucoup de sculpteurs.
Quels sont vos souhaits pour votre entreprise ?
Nous faire connaître. Montrer que la sculpture n'est pas élitiste, nous mettons un point d'honneur à rester accessible à toutes les bourses. Faire connaître cet art, montrer aux enfants les légumes différemment, et faire découvrir des légumes oubliés. Nous espérons avoir de nombreuses commandes !
Quels sont vos projets ?
Cette première année, pour se faire connaître nous avons couvert des salons culinaires, salons de mariage, marché de Noël, ateliers découverte pour les enfants, qui nous ont valu quelques articles dans les journaux locaux. Cela nous a fait plaisir. Cette année nous espérons encore plus de retombés, pouvoir investir dans du matériel et surtout dans un véhicule adéquat. Mettre en place des ateliers d'initiation, auprès des particuliers, des écoles, des lycée pro et les CE, etc.