A la découverte des thés blancs
Il y a encore 30 ans, personne en dehors de la Chine ne connaissait les thés blancs. Ces thés rares et précieux étaient alors récoltés dans quelques terroirs précis de la province du Fujian. Je vous propose de partir sur les traces de ces thés d'exception.
La Province du Fujian,
dans le sud-ouest de la Chine, est une privilégiée. C'est dans cette région située
au bord de l'océan que poussent des théiers à gros bourgeons duveteux, nommés «
Da Bai
», littéralement « Gros
blanc ». Longtemps leur récolte était réservée à une
petite clientèle chinoise avisée et fortunée.
Les bourgeons d’une minceur extrême étaient flétris en douceur sur des
clayettes de bambou et puis séchés soit au soleil, soit en chambre aérée. Ce
traitement très léger, sans désactivation enzymatique forcée et sans oxydation
notable, garde aux feuilles une couleur gris argent et préserve une saveur fraîche et finement
aromatique à la tasse.
Connus comme thés
rares depuis la Dynastie des Song (1127-1279) les thés blancs «
Aiguilles d’argent
» du Fujian étaient jadis cultivés pour le Palais impérial. Cette façon de
faire ancestrale et artisanale ensemble avec les modalités précises de
cueillette a perduré jusqu’à la fin du XIXe siècle, lors du règne de la dynastie
des Qing (1644-1910).
Du thé blanc traditionnel au thé "récent"
Les
ouvrages chinois actuels sur les thés de cette famille ne citent que deux
sortes de thés blancs :
- Le thé ancien et
traditionnel nommé « aiguilles d’argent » ou « bai hao yin zhen » (voir photo ci-dessous),
provenant d’une cueillette annuelle unique de bourgeons des anciens théiers «
Da Bei »au printemps, cela dans le district de Fuding.
- Le thé récent
créé au début du XXe siècle et nommé «
pivoine blanche » ou « bai mu dan », une cueillette moins fine
comportant généralement deux ou trois feuilles qui enveloppent un bourgeon sur
le haut de la tige, récoltées sur les théiers « Da Bei » du district de Fuding,
et aussi sur une autre variété, le théier« Shuixian » du district de Zhenghe.
Une production exponentielle
Il y a 30
ans, la production annuelle des « authentiques
thés blancs de terroir » en Chine était estimée à 2 000 tonnes.
Depuis leur introduction en Occident, il y a eu un fort effet de « mode » et la
demande est montée en flèche. La Chine a donc multiplié les champs de cultivars
aux gros bourgeons dans la province du Fujian et a produit 13 000 tonnes de thé
blanc en 2011. Lui emboîtant le pas, d’autres pays producteurs en fabriquent
aussi depuis quelques années.
Pour les thés blancs d’autres origines, nombreux sur le marché aujourd’hui, on
retient principalement le processus
de transformation très peu invasif, avec un flétrissage léger
et un séchage naturel, sans intervention mécanique. Cela demande toujours une
cueillette de qualité de gros
bourgeons velus et de jeunes feuilles tendres que l’on peut
trouver maintenant aussi dans des jardins plantés avec des cultivars appropriés
dans d’autres pays producteurs, en Inde, au Sri Lanka, en Indonésie, au Rwanda (voir photo ci-dessous).
Des thés blancs riches en théine
Peu d’études existent à ce jour sur les propriétés particulières des thés
blancs, toutefois ils sont réputés pour être riches en théine, donc stimulants, et
également riches en théanine, que l’on appelle la molécule de la bonne humeur.
Cette acide aminée est, en effet, la substance « marqueur « de la feuille de
thé, car elle n’existe dans aucun autre végétal – à l’exception d’un petit
champignon.
La réputation de la théanine d’être bénéfique pour l’équilibre psychique nous
vient de Chine, l’affirmer formellement en Europe nécessiterait une
corroboration avec des éléments chiffrés à partir de plus d’études
scientifiques.
Comment préparer les thés blancs ?
Infusés
entre 75°C et 85°C et pendant 10 minutes, les thés blancs offrent des tasses
aux saveurs légères, fraîches, aromatiques et un peu sucrées, de couleur jaune
pâle. En Chine, on les recommande pour les chaleurs de l’été, car ils apportent
un rafraîchissement au corps.
Vu les exigences d’une cueillette très sélective et le processus artisanale de
fabrication, il est tout à fait normal que ces thés restent rares et chers.
Ils sont donc à préparer avec soin et à déguster avec élégance à des moments de
loisir.
Crédits photo : Barbara Dufrêne