10 expressions culinaires connues et leur explication

Avoir du pain sur la planche, un teint de pêche ou un bon coup de fourchette : pas de doute, la langue française distille la crème de la crème des expressions culinaires et gourmandes !

10 expressions culinaires connues et leur explication
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Expression gourmande, expression de pâtisserie, jeu de mots culinaire : les déclamations en rapport avec la nourriture ne désemplissent pas du répertoire de la langue de Molière. Mais que se cache-t-il réellement derrière ces élocutions à l'allure ludique ? Quelques interrogations demeurent en suspend, à l'image de l'origine, de l'étymologie ou du sens. On met les pieds dans le plat ! 

Se mettre la rate au court-bouillon

  • "Se mettre la rate au court-bouillon", késako ? Assimilable aux termes "se faire du mauvais sang" ou "se faire de la bile", l'expression culinaire signifie concrètement se donner du mal et se rapporte aux traitements négatifs infligés au corps.  
  • Côté histoire, même si elle est apparue dans le vocabulaire courant au XXème siècle, la locution tire ses origines de l'Antiquité. On doit au romancier San-Antonio et son ouvrage "La rate au court-bouillon" publié en 1965, la popularisation du concept imagé. 

La cerise sur le gâteau 

  • La métaphore pâtissière "la cerise sur le gâteau" correspond au supplément d'âme, autrement dit au détail qui fait toute la différence, dans une situation positive comme négative. 
  • Tout droit venue d'Outre-Manche, la déclamation gourmande aurait pointé le bout de son nez au XXème siècle. Si on l'employait uniquement dans une visée positive, elle peut aujourd'hui être utilisée ironiquement pour caractériser une situation encore plus agaçante qu'elle ne l'était initialement.  

Avoir du pain sur la planche 

  • "Avoir du pain sur la planche" ? Le sens de cette expression n'a cessé de fluctuer à travers les siècles. De nos jours, on l'utilise pour faire part d'une avalanche de tâches pénibles à réaliser.  
  • Au XIXème siècle en revanche, la locution disposait d'une toute autre signification. Au coeur de l'hiver, le pain servait d'aliment de base du régime alimentaire des paysans et, "avoir du pain sur la planche", signifiait que ces derniers possédaient les réserves nécessaires pour affronter l'avenir.  
  • Une autre hypothèse est à rapprocher du sens actuel de l'expression : au XIXème siècle, le tribunal accordait aux criminels chargés de longues peines et d'un avenir pénible, des rations de pain.  

Pleurer comme une madeleine 

  • Pleurs excessifs et injustifiés ? Chaudes larmes en perspective ? Aucun doute, vous "pleurez comme une madeleine" ! 
  • Remontons à la Bible et à l'histoire de Marie-Madeleine, pour comprendre l'affirmation initialement associée au repentir : "pleurer comme une madeleine". La jeune femme, une prostituée, se serait jetée aux pieds de Jésus en le baignant de larmes. 
  • On attendra le XIXème siècle pour vulgariser cette location, en parallèle de la création du "gâteau madeleine" par la cuisinière Madeleine Paumier.

Avoir un bon coup de fourchette 

  • Si vous avez bon appétit et que l'on préférerait vous "avoir en photo plutôt qu'en pension", alors vous disposez sans conteste d'un "bon coup de fourchette" !
  • Les origines de cet idiotisme familier demeurent floues. Ce qui reste certain, c'est qu'il s'emploie au singulier, marié à un adjectif mélioratif. 

Tomber dans les pommes 

  • Quand on se retrouve dans un état d'épuisement, de fatigue accrue, on "tombe dans les pommes".
  • Peu de sources nous amènent à l'origine de la déclamation. On établit simplement un rapprochement avec la lettrée George Sand, qui avança au XIXème siècle la formule "être dans les pommes cuites", martelant une situation de décrépitude. 

Faire chou blanc 

  • Dans la langue française actuelle, "faire chou blanc" signifie concrètement "rater son coup". 
  • Si vous pensez que cette formule a un quelconque lien avec la sphère culinaire et les légumes, alors vous vous "fourrez les doigts dans le nez" ! En effet, elle remonte au XVIème siècle et à l'époque où les berrichons s'attelaient à un jeu de quilles très en vogue. Les participants, dès qu'ils ne parvenaient pas à renverser une quille, faisaient "coup blanc" (prononcé "chou" blanc).  

Ne pas y aller avec le dos de la cuillère 

  • Quand on agit sans ménagement et que l'on ne lésine pas sur l'agressivité dans ses actes et paroles, on "n'y va pas avec le dos de la cuillère". 
  • Peu d'indices nous permettent de recenser l'historique de la locution. Ce qui est sûr, c'est qu'elle met en scène l'image d'une cuillère à soupe impossible à utiliser à l'envers, mais que l'on prend à l'endroit pour souper convenablement grâce à d'imposantes cuillerées.  

Avoir la pêche 

  • Prêts à affronter un marathon ? À escalader la Grande Muraille de Chine ? À faire le ménage de font en comble ? "Vous avez la pêche", comprenez vous êtes en pleine forme et avez de l'énergie à revendre
  • On fait un bond dans le temps, au IIIème siècle, avec un arrêt en Chine. Dans l'Empire Céleste, on assimilait la pêche à la santé inoxydable et à l'immortalité. Le poète chinois Zhang Hua considérait même la pêche comme un fruit éternel dans ses ouvrages.  
  • Rapprochons-nous aussi du sport et plus précisément de la boxe, où "donner une pêche" sur un ring est synonyme de victoire écrasante !  

Presser quelqu'un comme un citron 

  • L'expression imagée "être pressé comme un citron" relève de l'exploitation d'un individu sur le plan moral ou affectif
  • De façon métaphorique, on adjoint la personne sous pression et dont on récupère le meilleur, à un fruit que l'on presse et pour lequel la peau est abandonnée.