Jus de fruits : cette mention sur l'étiquette est particulièrement trompeuse

Vous préférez cette brique de jus de fruits à celle de la marque concurrente ? Ce détail a peut-être influencé votre choix… et pourtant, il est interdit par la loi.

Jus de fruits : cette mention sur l'étiquette est particulièrement trompeuse
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Selon les statistiques communiquées par l'Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits, 60 % des Français déclarent consommer des jus et nectars au moins une fois par semaine. Ce sont les enfants qui en sont les plus friands (71 % en sirotent au moins une fois sur une période hebdomadaire), suivis des adolescents (59 %) puis des adultes (52 %).

Plébiscités pour leur praticité indéniable, les jus de fruits se sont imposés aux côtés des céréales et du bol de lait du matin concomitamment à l'industrialisation de notre petit déjeuner. Beaucoup d'entre nous associent encore le jus d'orange au premier réflexe à adopter au saut du lit – gage d'un réveil tonitruant et vitaminé qui leur assure de démarrer la journée du bon pied. Les autorités de santé, elles, ont récemment revu leur copie : avec une teneur quasi nulle en fibres et un apport important de sucres rapides, les jus de fruits ont été recalés au rang de boissons sucrées (comme les sodas), et ne comptent même plus comme une portion de fruit entier. Aïe.

Pour conserver l'image healthy des bouteilles de jus de fruits, mais aussi et surtout pour se démarquer dans une offre toujours plus diversifiée, les fabricants usent de tous les stratagèmes possibles et inimaginables. Ils concentrent notamment leur effort sur l'étiquetage, quitte à flirter, parfois, avec l'illégalité.

Avez-vous remarqué la mention "sans sucres ajoutés" sur votre brique de pur jus de pomme ? Oui, elle vous a même conforté dans votre achat. Pas d'addition édulcorée, c'est meilleur pour la santé, non ? Problème : cette petite phrase suggère implicitement que les jus des marques rivales risquent d'en renfermer. Or, c'est totalement faux ! Comme le rappelle 60 Millions de Consommateurs, "la directive européenne du 19 avril 2012 interdit en effet d'ajouter du sucre dans les purs jus et les jus à base de jus concentré". L'adjonction de sucre se cantonne désormais aux seuls nectars de fruits.

Conclusion, l'industriel met en avant un principe auquel il est de toute façon obligé de se conformer et qui ne constitue en rien un caractère différenciant vis-à-vis de ses homologues en rayon. Autorisée jusqu'en 2016, cette pratique apparentée à de la concurrence déloyale est à présent interdite : "en application de l'article L. 121-4 10° du code de la consommation, la mention 'sans sucres ajoutés' ne devrait plus apparaître sur les purs jus et jus à base de jus concentré", confirme Anne Bourdu, avocate associée en droit de la propriété intellectuelle et droit économique du cabinet Lext. À moins, à la limite, d'être complétée par la mention "conformément à la règlementation" ou "comme tous les jus de fruits". Preuve qu'il vaut mieux se tenir au jus de la législation avant de remplir son caddie !