Cette viennoiserie adorée des Français risque de disparaître des boulangeries – voici pourquoi
Une figure mythique du petit-déjeuner en voie d'extinction ? Peut-être, à en croire la fédération des boulangers-pâtissiers…
Dans la famille des viennoiseries, vous préférez qui ? Le croissant au beurre, dont vous trempez inlassablement la pointe dans votre bol de café au lait matinal ? La brioche tressée, que vous taillez en tranches bien épaisses et que vous recouvrez généreusement de confiture ? La chouquette, toute légère, dont les perles de sucre croquent sous la dent ? Rassurez-vous, tous devraient encore trôner en bonne place dans les vitrines de votre boulanger favori. Ce qui n'est pas le cas de cet autre emblème de la corbeille du brunch. Un indice ? Sa pâte levée feuilletée enveloppe deux barrettes de chocolat…
Eh oui, le pain au chocolat est sur la sellette. En cause ? Les intempéries qui ont ravagé les cacaoyers en Côte d'Ivoire et au Ghana, les principaux pays producteurs. Une pénurie de cacao qui s'accompagne d'une véritable flambée des prix, qui ont plus que doublé en un an. Par effet domino, se fournir en chocolat et notamment en "bâtons lunes" (les fameuses barres de chocolat utilisées par les artisans-boulangers) devient extrêmement compliqué. Une situation inédite qui inquiète Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, interrogé au micro de nos confrères de TF1 : "On n'a jamais connu ça auparavant, ce genre de manque de chocolat. On est inquiets, on sait qu'on a eu ce genre de problème avec le beurre et on a réussi à trouver une solution."
Des difficultés d'approvisionnement (et des coûts mirobolants) que confirme Christophe Herby, gérant de la boulangerie du Parc à Ajaccio : "On travaille essentiellement avec trois ou quatre fournisseurs. Il n'y en a plus qu'un qui a des bâtons lunes disponibles. Mais à quel prix ! Ils ont triplé en quelques années", s'insurge-t-il . Et de prévenir que le pain au chocolat risque de devenir "un produit de luxe" si les choses continuent à ce train. S'il met un point d'honneur à proposer à ses clients des viennoiseries artisanales, le patron envisage pourtant l'idée de passer aux surgelés. Au grand dam de son tourier Stéphane, qui voit là une menace sérieuse pour sa profession…
Et la "chocolatine" (comme on la baptise dans le Sud-Ouest) n'est évidemment pas la seule à pâtir de la rareté du cacao. Toutes les viennoiseries au chocolat sont pareillement concernées. Il faudra donc peut-être troquer durant un certain temps sa brioche suisse aux pépites de chocolat pour un pain aux raisins, du moins en attendant que la donne s'améliore…