Camembert : on se fait tous avoir par cette mention sur la boîte – la nuance est subtile

Vous avez lu cette mention sur les boîtes à camembert ? À tous les coups, elle vous induit en erreur…

Camembert : on se fait tous avoir par cette mention sur la boîte – la nuance est subtile
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 "Claquos", "camembos", "calendos" : s'il démultiplie les surnoms, le camembert occupe une place unique dans le cœur des Français. Il se positionne ainsi en seconde position des fromages les plus vendus en France en 2022, juste derrière l'emmental (et devant le fromage à raclette). Bien fait sur un plateau de fromages, truffé de fruits secs ou rôti au four avec un filet de miel, il trouve toujours le moyen de nous faire fondre entre le plat et le dessert.

Apparu à la fin du XVIIIe siècle sous l'impulsion de Marie Horel, agricultrice normande, ce fromage à pâte molle et à croûte fleurie a conservé, tout du moins en apparence, son ADN originel : un beau cylindre de 11 cm de diamètre et de 250 g minimum, affichant 22 % de matières grasses sur le produit fini, moulé à la louche et commercialisé dans une boîte en bois. Mais derrière ce masque immuable, bien des choses ont changé. Surtout depuis que les géants de l'industrie laitière y ont mis leur grain de sel…

Subsiste à ce sujet une mention trompeuse qui sème une sacrée confusion dans les esprits des consommateurs. Désireux de savourer un camembert véritable, les cheese-addicts croient faire le bon choix en achetant ceux estampillés "fabriqué en Normandie" dans leur grande surface de prédilection. En même temps, quoi de plus authentique qu'un fromage pris dans son berceau, n'est-ce pas ?

Sauf que cette mention n'a aucune valeur légale. Pire, elle instaure une concurrence déloyale avec le "camembert de Normandie" qui, lui, bénéficie d'une AOP. Le cahier des charges drastique qui l'encadre impose notamment que sa fabrication s'effectue exclusivement à partir de lait cru normand. Notre "camembert fabriqué en Normandie", lui, peut indifféremment être élaboré à partir de lait pasteurisé, en poudre voire importé des quatre coins du globe. Tout ce que ces quatre mots garantissent, c'est que son usine de production est bien basée en Normandie…

Cette discorde lexicale de longue date, opposant d'un côté les défenseurs de l'AOP et de l'autre des mastodontes tels que Lactalis (Président, Lanquetot, Lepetit) ou RichesMonts (Cœur de Lion, Rustique), se poursuit actuellement devant les tribunaux, comme le détaille l'UFC-Que Choisir dans son dossier. Et il faudra certainement encore plusieurs années pour espérer voir les injonctions de mise en conformité envoyées par la DGCCRF aux industriels s'appliquer effectivement. En attendant, ouvrez l'œil…