C'est une institution à Paris et pourtant, cette fausse boulangerie française est coréenne

Au premier coup d'œil, on croirait avoir trouvé l'adresse parfaite pour un petit-déjeuner parisien. Mais derrière cette image léchée se cache un géant asiatique ayant bâti un empire de la boulangerie à l'échelle mondiale.

C'est une institution à Paris et pourtant, cette fausse boulangerie française est coréenne
© 123RF/rayints

C'est un décor qui parle immédiatement aux amoureux de la capitale : murs habillés de bleu profond, baguettes soigneusement disposées derrière un comptoir immaculé. Les codes français sont parfaitement maîtrisés. Le visiteur qui pousse la porte a l'impression d'entrer dans un café parisien où l'on sert le petit-déjeuner à toute heure. Et pourtant, malgré son nom et son esthétique, l'enseigne ne fait pas partie du patrimoine culinaire national.

L'aventure démarre en 1988, quand SPC, acteur majeur de l'industrie alimentaire sud-coréenne, décide de créer une chaîne inspirée des boulangeries européennes. L'objectif n'est pas d'imiter au millimètre les recettes françaises, mais de concevoir une offre qui marie techniques occidentales et influences asiatiques. On y retrouve des croissants au feuilletage beurré, des gâteaux chiffon aux fruits, mais aussi des spécialités plus inattendues comme le pain aux haricots rouges. Ce positionnement hybride, pensé pour plaire à un large public, conquiert rapidement la Corée du Sud avant de s'exporter vers la Chine, Singapour ou encore le Vietnam. L'enseigne s'impose comme un acteur clé du secteur, avec un réseau qui se développe vite grâce à une identité visuelle forte et une standardisation précise de ses recettes.

Après l'Asie, cap sur l'Amérique du Nord. Le premier point de vente ouvre à Los Angeles en 2005, dans un secteur où la communauté coréenne est bien implantée. Dix ans plus tard, New York accueille sa première boutique, marquant le début d'une expansion rapide aux États-Unis. Aujourd'hui, l'enseigne compte près d'une centaine d'adresses dans une douzaine d'États. Chaque établissement reprend les codes d'une boulangerie artisanale : cuisine ouverte, vitrines bien garnies, gâteaux et pains préparés sur place. Le menu mêle classiques français et créations maison qui reflètent la double culture de la marque. La boulangerie en question ? Paris Baguette.

Malgré son nom très "hexagonal" et ses 6 adresses en région parisienne, la concept n'a donc rien de local, plus de 4 000 points de vente s'étend sur plusieurs continents. Alors, si vous cherchez un croissant pur beurre, 100% français, il vaut mieux frapper à une autre porte. 

Alors oui, Paris Baguette n'a rien d'une boulangerie parisienne authentique. Mais ce n'est pas forcément un défaut. Derrière son esthétique très hexagonale, l'enseigne assume ses racines coréennes et propose une autre lecture des codes français. Ni copie, ni trahison, plutôt une adaptation qui raconte la circulation des goûts et des influences à l'échelle mondiale.