Cette combine de restaurateurs gonfle l'addition de certains clients de 10 euros : "C'est de l'abus de faiblesse"

Une pratique très répandue vise à entourlouper certains clients bien ciblés.

Cette combine de restaurateurs gonfle l'addition de certains clients de 10 euros : "C'est de l'abus de faiblesse"
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À table, tous les clients ne sont pas logés à la même enseigne. Dans certains restaurants parisiens, surtout dans les quartiers touristiques, les vacanciers étrangers se voient parfois appliquer un traitement bien particulier. La technique est habile, presque imperceptible. Pour mieux en comprendre le mécanisme, un journaliste du Parisien, assisté d'un acolyte, a testé différentes adresses à Montmartre. L'un se faisait passer pour un touriste américain, l'autre pour un vacancier français. Et pour un même repas, les deux additions étaient bien différentes...

Dans de nombreux restaurants, les serveurs incitent le faux touriste américain à laisser un pourboire. Il accepte d'ajouter 10 %, mais au moment de payer, le serveur augmente discrètement la somme à 15 %, en posant lui-même la carte sur le terminal. Dans un autre bistrot, un serveur lui déclare même que "le service n'est pas inclus", une mention pourtant obligatoire sur l'addition. Selon Franck Trouet, directeur du Groupement de l'hôtellerie et de la restauration de France (GHR), ce genre de pratique s'apparente à de la "vente forcée".

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Mais le plus souvent, la différence se joue... sur les boissons ! Les serveurs font ce qu'on appelle de la "vente suggestive" : ils proposent une eau plate ou pétillante, sans préciser que la carafe d'eau du robinet est gratuite. Résultat, les touristes paient 6 euros de plus pour une simple bouteille. Les sodas peuvent aussi devenir des pièges : le client français reçoit une canette de 33 cl, tandis que le touriste se retrouve avec un grand verre déjà rempli, facturé 3,50 euros de plus. En quelques gorgées, l'addition grimpe de près de 10 euros. "C'est du grand banditisme ! Pour moi c'est de l'abus de faiblesse", déplore l'un des deux enquêteurs.

Ce cas est loin d'être isolé. Si la plupart des visiteurs américains savent que les pourboires sont facultatifs en France, beaucoup trop ignorent que l'eau du robinet est gratuite. Ce flou culturel est l'occasion rêvée pour gonfler les additions. Bien sûr, ces pratiques ne sont pas systématiques. Mais pour éviter toute mauvaise surprise, il suffit de quelques réflexes simples : vérifier le montant du pourboire avant de valider le paiement, et surtout, préciser qu'on souhaite "une carafe d'eau" ou "de l'eau du robinet".