Quand la cuisine permet de renouer avec la judaïté
Sur l'île espagnole de Majorque vit une communauté de juifs, les Chuetas, convertis de force au catholicisme au XIVème siècle. Certains souhaitent retrouver leur judaïté. En attendant de retrouver son statut du juif, Toni Pinya cuisine casher pour entretenir les traditions de sa lignée.
Il est né catholique mais sait depuis son enfance que son histoire est hors du commun. Toni Pinya descend d'une lignée de juifs de l'île espagnole de Majorque, convertis de force au catholicisme à partir du XIVème siècle. Depuis 700 ans, sa communauté a réussi à conserver ses traditions, notamment en se transmettant de génération en génération les fondamentaux de la cuisine casher. "Une des choses qui m'étonnaient le plus par exemple, c'était la manière dont ma grand-mère préparait les macaroni, se souvient le cuisiner. Elle n'utilisait pas de graisse de porc et je lui demandais " Grand-mère, pourquoi tu fais ça ? ", [elle me répondait alors] " parce que ma mère faisait ainsi ", et que faisaient-elles ? Elles prenaient la graisse de poulet ou de poule et la faisaient fondre ".
Les chuetas reconnus
Les membres de la communauté, identifiés par 15 noms de famille, sont encore souvent stigmatisés. Certains des 20000 Chuetas ont choisi de renouer avec leurs racines, en réclamant le statut de juif. L'écrivain Miguel Segura a ouvert la voie il y a 3 ans : "Après 320 ans pendant lesquels les juifs considéraient que nous n'étions pas des leurs, et que les goys, c'est-à-dire les non juifs, nous prenaient pour des juifs, cette décision a été une vraie reconnaissance", souligne-t-il.
Depuis leur conversion forcée, les Chuetas ont préféré se marier entre eux. La lignée juive a ainsi été préservée. Ce qui a permis un grand rabbin israélien de reconnaître officiellement les Chuetas de l'île de Majorque comme étant juifs. Toni, le cuisiner, se prépare à accéder à la judaïté et continue à cuisiner casher pour la communauté juive de son île.