J'ai testé cuisiner aux fourneaux des Fils à Maman
Les Fils à Maman, ce sont Alban, Julien, Nicolas et Laurent, quatre nostalgiques de la cuisine de "quand ils étaient petits". De leur frustration de ne pas trouver cuisine à leur palais, leur est venue l'idée d'ouvrir leur propre restaurant. Il faut croire qu'ils n'étaient pas les seuls à regretter leurs douceurs d'enfance puisque depuis, les Fils à Maman comptent 6 restaurants en France et 2 à l'étranger. La rédaction du Journal des Femmes a enfilé le tablier pour cuisiner aux fourneaux de l'adresse parisienne.
Chaque 1er mardi du mois, les Fils à Maman accueillent des mamans aux fourneaux. Pas les leur - elles se sont déjà prêtées à l'exercice moult fois -, mais toutes les mamans prêtes à relever le challenge de "jouer au chef (cuistot)" pour tous les petits et grands enfants qui dînent au restaurant ce soir-là. Cela risque d'en faire beaucoup, mais quand on aime cuisiner, on ne compte pas. Parce qu'à la rédac' Cuisine du Journal des Femmes on n'a peur de rien, même pas d'enfants affamés, j'ai accepté de revêtir le tablier. Retour d'expérience.
En amont de mon heure (que j'espère de gloire) aux fourneaux, le chef et l'équipe des Fils à Maman m'invitent à proposer un menu composé d'une entrée, deux plats et un dessert. Cuisine familiale oblige, ils me suggèrent de piocher dans mes souvenirs d'enfance. Comme je tiens à épater un minimum mes convives, j'écarte l'option purée/jambon et marbré au chocolat. On est tous d'accord pour trouver ça bon (comment vous n'aimez pas ça ?!) mais niveau raffinement, peut mieux faire. Je me creuse et me souviens que je travaille pour un site de cuisine. Ce sera l'occasion de mettre à l'honneur les recettes proposées par nos internautes, pour la plupart mamans.
Pour l'entrée, j'opte pour un carpaccio de fraises, feta et pignons de pin. La douceur des fraises, le caractère de la feta et le croquant des pignons de pin devraient assurer le début du show (et entre nous, la recette a l'air facile). Côté plats, je propose un fish and chips, pas les bâtonnets de poisson pané (quelle hérésie), mais de bons morceaux du poissonnier enrobés d'une chapelure maison. Pour éviter la surchauffe côté calories, je suggère de l'accompagner en plus des traditionnelles frites, d'une purée de petits pois maison. Que mes enfants d'un soir le veuillent ou non, ils mangeront leurs 5 fruits et légumes du jour. Enfin je l'espère... Pour mon second plat, tendance oblige, je propose des boulettes de bœuf farcies à la mozzarella. Une maman m'a devancée le mois dernier. Triple zut (pour ne pas dire autre chose). En bonne farceuse, je choisis des encornets farcis au bœuf. Servis avec du riz, les saveurs entre terre et mer devraient en faire chavirer plus d'un. Enfin, pour le dessert, je choisis la recette qui me vaut à chaque fois une multitude de louanges et beaucoup d'admiration (alors qu'en réalité, c'est la recette de fainéant par excellence mais chut, c'est un secret) j'ai nommé le cookie géant aux M&M's. Géant, n'est-ce pas ?
Le menu validé, place à l'action. Rendez-vous fixé au restaurant à 17 h. L'horaire m'interpelle. Supposons que les premiers clients arrivent à 19 h, avec seulement deux heures de préparation, c'est la tête dans les fourneaux que je risque de les accueillir (et non pas fraîche et maquillée fleurant bon la fleur d'oranger). L'équipe des Fils à Maman me confirme l'horaire. Ce ne sera pas faute d'avoir été volontaire.
C'est d'un pas décidé que j'arrive au restaurant. Le chef Antoine m'accueille dans son plus beau tablier et me tend le mien. Bleu foncé, il convient parfaitement à mon teint. Cuisiner ne signifie pas faire une croix sur la coquetterie. Le chef m'explique le déroulement des opérations et me précise que sa brigade a avancé la plupart des recettes. Je suis un peu déçue, je me voyais déjà éplucher 1000 patates, écosser les petits pois, aller pêcher les encornets, moudre ma farine... Cuisiner quoi !
Très vite, la déception laisse place à la gratitude. En m'avançant le travail, la brigade du restaurant m'a évitée (et s'est évitée) un vrai fiasco. Etre aux fourneaux d'un restaurant ne s'improvise pas. C'est un métier, un vrai de vrai. L'anticipation est fondamentale et permet d'assurer le service. Je bénis donc les cuisiniers d'avoir épluché les pommes de terre, préparé la purée de petits pois, taillé les fraises en fines lamelles, pané le poisson frais et préparé la pâte à cookies.
L'idée n'est pas que je tourne les pouces pour autant. L'équipe a senti mon âme de farceuse et me laisse donc le soin de farcir les encornets. Un jeu d'enfant ? J'aimerais vous y voir. Les mollusques à la chair glissante manquent de m'échapper à plusieurs reprises (seraient-ils encore vivants ?).
50 encornets plus tard, j'enchaîne avec le dressage des assiettes des recettes. Une fois encore, je constate que l'art du dressage ne s'invente pas. Comparé à celui du chef, mon carpaccio ressemble à un dessin d'enfant : mignon mais brouillon. Je ne désespère pas et m'applique avec plus ou moins de dextérité pour saupoudrer de ciboulette mes fish and chips. Le chef m'attribue ses félicitations mais ça mérite clairement de simples encouragements.
Show, les fourneaux. Deux heures ont passé. Du passe-plat, je vois les premiers petits et grands enfants s'installer. J'ai quelques bouffées de chaleur et pas qu'à cause du feu des fourneaux : la pression monte. Le chef Antoine me propose d'accueillir les premiers clients. Telle une maman gâteau qui ne veut que le bien de ses petits poussins, je vante la fraîcheur de mon carpaccio de fraises, l'équilibre de mes plats et la gourmandise de mon cookie. Je retourne ensuite aux fourneaux pour lancer mes cuissons. Le chef Antoine me confie la mise en place d'une entrée et de mes deux plats. Une fois encore, je constate que cuisiner suppose rapidité et précision dans un espace de tous les dangers : le feu des fourneaux, le sol glissant, la friteuse et ses giclures d'huile, le four brûlant. Je parviens – non sans mal et avec l'aide de la brigade – à sortir mes assiettes. Je ne suis pas peu fière de cet exploit pendant lequel je n'ai glissé qu'une fois (bon peut-être deux).
Ma mission accomplie, je m'attable avec des amis pour déguster mon menu. Même si je n'ai travaillé qu'une partie des recettes, je ne suis pas peu fière et ravie d'avoir régalé quelques personnes. La pression des fourneaux, aussi stressante soit-elle, procure aussi une bonne dose d'adrénaline. Quant aux assiettes vides, c'est la plus belle des récompenses.
Pour la jouer comme un chef, rendez-vous sur la page Facebook des Fils à Maman