Gaspillage alimentaire : Cyril Lignac passe à l'attaque
Pour sensibiliser la population française à l'ampleur du gaspillage alimentaire, Cyril Lignac a réuni Philippe Etchebest, Ghislaine Arabian, Yves Camdeborde et Florent Ladeyn autour d'une enquête de terrain qui sera diffusée le 7 octobre 2014 sur M6. L'émission, dont nous avons vu quelques extraits en avant-première, promet d'être édifiante.
Déclarée Année Européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire par le Parlement européen, 2014 aura aussi le 16 octobre, sa Journée Nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire et celle de l'alimentation au niveau mondiale. Des mobilisations importantes lorsque l'on sait qu'un tiers des aliments produits dans le monde termine à la poubelle, 400 000 tonnes de nourriture sont gaspillées par an dans nos marchés et 17 millions de tonnes de nourriture sont gâchées chaque année en France.
"Flippé" face à de tels constats et pour "partir en guerre" contre ce mal du siècle, Cyril Lignac a mobilisé sa société de production Kitchen Gallery en créant l'émission Gaspillage alimentaire : les chefs contre-attaquent. Le chef, ainsi que Ghislaine Arabian et Yves Camdeborde ont répondu à nos questions à l'occasion de la conférence de presse de la présentation du programme.
Fort de son bagage télévisé, Cyril Lignac explique vouloir désormais "faire de la télé utile". C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il a arrêté Top Chef. Pour se "recentrer sur [ses] restaurants" car c'est son "ADN" et pour produire des émissions ludiques et pédagogiques sans pour autant "donner de leçon". Tel le chef cuisiner entouré de sa brigade, l'homme aime avancer en équipe. Pour ne pas mener son combat seul, Cyril Lignac a fait appel à Philippe Etchebest, "un super copain, qui n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis", Ghislaine Arabian, "les femmes sont au centre de ma vie, elles apportent une sensibilité différente" et Yves Camdeborde "petit nouveau, un super pote, un mec dont j'adore les valeurs".
Entre le travail d'investigation et les autorisations de prise de vue, le tournage s'est étalé sur 6 mois. A travers cette émission, Cyril Lignac espère sensibiliser les gens, faire en sorte qu'ils consomment mieux. "Au supermarché par exemple, quand on achète des yaourts on a tendance à prendre ceux dont la DLC est la plus éloignée. Tout le monde le fait, moi le 1er " explique Cyril Lignac. Un "réflexe abruti" renchérit Ghislaine Arabian, même si la chef avoue le faire aussi chez elle. Agir ainsi, c'est condamner les premiers rayons à la poubelle et "donner raison aux supermarchés qui font la course au plus frais que le voisin" explique Yves Camdeborde.
Issu d'un milieu d'éleveurs, le chef raconte avoir été d'autant plus choqué de voir des produits jetés à la poubelle, qu'il connaît la valeur du travail que cela représente. Formé par des anciens très à cheval sur le gaspillage alimentaire, le chef a appris à ne rien jeter. "J'ai fait mon apprentissage avec un chef qui me réclamait 1 franc à chaque fois qu'il me voyait jeter un morceau de carotte" raconte-t-il. "On avait le respect du produit et de l'homme qui l'avait fait".
Pour les chefs, chacun à sa part de responsabilité dans le gaspillage alimentaire. Les consommateurs d'abord, qui tombent dans les pièges de la date limite de consommation et ne donnent pas leur chance à leurs aliments avant de les jeter. Ghislaine Arabian regrette le prêt à consommer, néfaste pour l'éducation culinaire : "Je suis persuadée que 95 % des foyers ne savent pas ce qu'est que vider un poulet. Avant quand on le cuisinait, on l'utilisait en entier. On gardait le foie, on mangeait le cou, la puea servait pour la sauce. Avec le poulet tout prêt, il y a déjà eu du gaspillage dessus". Poussant à la surconsommation, les hypermarchés et grandes surfaces ne sont pas non plus tout blancs. "A quoi ça rime d'avoir un choix de x variétés de pommes dont certaines son originaires de l'étranger ou d'avoir 40 sortes de yaourt natures en rayon" s'offusque Yves Camdeborde. Le chef ne se remet pas des quantités de nourriture parties à la poubelle sous ses yeux. "Même si tu le sais, tu ne t'attends pas à voir l'ampleur du gâchis. Peut-être que si les gens savaient qu'ils paient le gaspillage aux grandes surfaces, ils consommeraient différemment". Car, explique-t-il, "3% du gaspillage sur tout ce qui est vendu est inclus dans le prix de vente".
Quid des associations caritatives s'enquiert-on ? A l'évocation des associations, Cyril Lignac lève le ton : "Je suis en colère contre les associations caritatives. Elles exagèrent. Moi je veux bien donner mais encore faut-il qu'elles y mettent de la bonne volonté. Qu'elles viennent chercher les invendus, je ne vais pas le faire à leur place. Beaucoup ne veulent pas se déplacer lorsque je leur propose de récupérer mes baguettes !" Pourtant très investi dans cette émission qui se terminera par un grand banquet à Lille sur les terres de Florent Ladeyn, le chef craint qu'elle ne soit qu'un pavé dans la marre. On lui souhaite d'être plutôt une pierre à l'édifice dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.