Rencontre avec Philippe Etchebest : "l'émission c'est 9 semaines de tournage et 5 kg en plus..."
Alors que sa nouvelle émission Objectif Top Chef sera diffusée tous les jours sur M6 dès ce lundi 10 novembre, son animateur Philippe Etchebest s'est confié au Journal des Femmes. Rencontre avec ce dur au cœur tendre.
Journal des Femmes : Pourquoi avoir accepté d'animer l'émission Objectif Top Chef ?
Philippe Etchebest : C'est dans la continuité de ce que je fais au quotidien. J'ai toujours eu des apprentis que j'ai formés au cours de ma carrière et à qui j'ai transmis mon savoir-faire. Il est important de les former pour pouvoir un jour leur passer le relais. Cette émission montrera une autre facette de ma personnalité. Les gens connaissent le chef un peu dur et rentre-dedans de Cauchemar en Cuisine. Dans Objectif Top Chef, ils verront plus d'empathie.
Vous êtes donc moins dans le coup de gueule ?
Il y a beaucoup de pédagogie, de transmission et de conseils mais il faut aussi que ces jeunes se préparent à être confrontés à des professionnels comme ils le seront dans Top Chef. Il m'arrive donc d'être dans le coup de gueule par moments car je veux les mener à un niveau d'excellence. Ils doivent se battre.
Qu'est-ce qui fait la réussite de l'émission ?
C'est un programme très complet car tout au long de l'émission, on rencontre des agriculteurs, des producteurs et on découvre une région avec des identités culinaires très marquées. On ajoute la personnalité de chaque candidat et ça fait un ensemble très complet. Pour le réaliser, il aura fallu 9 semaines de tournage, plus de 15000 km parcourus et 5 kg de plus à l'arrivée !
"Quelques candidates ont essayé de me soudoyer !"
Comment s'est déroulée la sélection des candidats ?
Plusieurs chefs nous ont indiqué leurs meilleurs apprentis, nous avons contacté des écoles hôtelières et les MAF (Meilleurs Apprentis de France). Au total, il y a 60 candidats dont 80% issus de formations professionnelles. Certains étaient plus amateurs que d'autres, mais avaient participé et gagné des concours.
Sur quels critères jugiez-vous les candidats ?
Il est important de ne pas s'arrêter à une assiette. On est dans l'entrainement et presque dans la performance. Au début, je les analyse, j'essaye de les comprendre, de ramener mon expérience puis, plus on avance, plus on monte en pression et en difficulté. Je ne pouvais pas me permettre de prendre quelqu'un qui n'avait pas cette capacité mentale à gérer la pression. Il faut savoir leur mettre la pression sans les massacrer pour autant, mais aussi les rassurer et les réconforter.
Des anecdotes à nous raconter ?
Il y a quelques candidates et leurs mères qui ont essayé de me soudoyer ! (rires) En arrivant chez elles, je leur disais d'aller se rhabiller et qu'avec moi, ce genre de choses ne fonctionnerait pas. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il y a dans l'assiette, rien d'autre.
N'avez-vous pas peur d'être influencé par la suite et d'avantager cet apprenti dans Top Chef ?
Je suis quelqu'un d'intègre, il n'y aura donc pas de favoritisme. Le candidat aura peut-être un avantage : celui de connaître la mécanique de l'émission et d'avoir des réflexes que d'autres n'ont pas. Mais il a aussi un inconvénient non négligeable : il n'a pas l'expérience d'un professionnel.
Les 5 derniers candidats seront jugés par Jean-François Piège et vous-même. Qu'a-t-il pensé du niveau des candidats ?
C'était logique que ce soit Jean-François Piège car ça fait une liaison avec Top Chef. C'est la suite logique. Il a été bluffé par le niveau de certains candidats, qu'il n'avait jamais vu jusque-là dans Top Chef.
Les candidats ne savaient pas que c'était vous qui viendriez les juger ?
Ils découvrent que c'est moi lorsque j'arrive. Je m'installe et parle avec les parents du candidat pendant qu'il termine son plat en cuisine. Au bout d'une dizaine de minutes, il arrive et découvre que c'est moi. C'est du live, les scènes ne sont pas refaites. Il est important de ne pas tricher, de dire la vérité et de sentir l'émotion. Ça ne fonctionnerait pas sinon.
Y-a-t-il un chef que vous auriez aimé voir débarquer dans votre cuisine plus jeune ?
Non. Bizarrement, je ne suis pas passionné de cuisine. Je ne suis passionné de rien mais j'aime tout ! En revanche, ce que je fais, je le fais à fond, dans mon métier au quotidien, dans mon rôle à la télévision, en coach dans Cauchemar en Cuisine...
La télévision vous passionne ?
Ça m'amuse et je prends du plaisir à faire de la télévision. Le jour où ça ne m'amusera plus, j'arrêterai.
Vous avez quitté l'Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion l'année dernière. Des projets ?
Cette année a été une année de transition qui m'a permis de faire pas mal de tournages. Ça ne m'a pas empêché de cuisiner pour autant car dans toutes les émissions, j'ai relevé les mêmes défis que les candidats, donné des astuces de cuisine... Je travaillais dans un bel endroit, j'avais un métier confortable mais ça devient dangereux quand le confort devient trop présent. Il était temps que je prenne des risques et que je me prouve que j'étais capable de m'investir à fond dans un nouveau projet. En début d'année prochaine, j'ouvrirai une brasserie à Bordeaux pour ensuite me tourner vers quelque chose de plus gastronomique. Les équipes que j'ai formées au fil des années m'accompagneront. Ce n'est pas que mon projet, c'est avant tout un travail d'équipe et j'ai envie qu'ils soient impliqués dans tout ce que je fais.
Vous arrive-t-il de vous rendre au fast food ?
Bien sûr ! J'ai un garçon de 11 ans qui adore manger des burgers au fast food. C'est un peu compliqué pour moi d'y aller car tout le monde me reconnaît. Au quotidien, je suis peut-être moins difficile que la plupart des gens. Je suis concentré quand je fais mon travail mais au quotidien, je ne cuisine pas : c'est ma femme qui s'occupe de tout.
Attachez-vous de l'importance à ce qu'on dit de vous sur les réseaux sociaux ?
Je ne sais pas m'en servir, je n'y vais jamais et à vrai dire, ça ne m'intéresse pas. Si j'ai des choses à dire à quelqu'un, je me déplace. J'aime le direct.
Quel plat vous fait fondre ?
Je suis un gourmand de la vie, j'aime tout. Au-delà d'un plat, ce sont les personnes avec qui vous le partagez qui définissent ses qualités.
Comment avez-vous séduit votre femme ?
Je lui ai offert des roses en chocolat. A l'époque, une de ses copines m'avait dit qu'elle adorait le chocolat. J'ai donc passé plus de 3 heures à confectionner des roses en chocolat... et elle a fondu ! Notre premier rencard, c'était dans un McDonalds de Toulouse.
Allez-vous continuer la télévision ?
Cette année, j'ai levé le pied sur Cauchemar en Cuisine pour m'investir dans Top Chef et Objectif Top Chef. L'année prochaine, je me consacrerai à mon projet personnel avant de reprendre le tournage de Cauchemar.