Des frigos en libre-service, pour donner ou se servir
Depuis 2017, l'association Frigos Solidaires propose l'installation de frigos devant des commerces ou associations pour lutter entre autres, contre le gaspillage alimentaire. Qu'on dépose de la nourriture ou qu'on en récupère, ces frigos sont libres d'utilisation.
Faire souffler un vent de solidarité avec des frigos. C'est là tout l'objectif de l'association Les Frigos Solidaires. Dounia Mebtoul en est la fondatrice. En 2017, alors à la tête de La cantine du 18, un restaurant parisien familial et associatif, elle met en place, avec sa mère, un dispositif inédit en France, pourtant existant à l'étranger. "L'idée m'est venue parce qu'en 2011 lorsque je vivais à Londres, j'avais fait la découverte d'un frigo communautaire", détaille Dounia Mebtoul.
Un accès gratuit et facile
Sur tout le territoire, une centaine de frigos ont été installés. "Ils se trouvent en extérieur, face à la devanture d'un commerce, d'une institution ou d'un restaurant." Le principe est simple : "Ces frigos permettent à chacun de déposer toutes les denrées qu'ils n'ont pas consommées pour les habitants, tous les invendus pour les commerçants et les surplus de dons pour les associations. Ce qui va permettre aux plus démunis de se nourrir facilement et gratuitement." Ces frigos sont accessibles aux horaires d'ouverture des commerces, ils sont rentrés lors de la fermeture. En effet, "il faut qu'une personne s'en occupe en le nettoyant, l'entretenant, en relevant les températures, etc", explique Dounia Mebtoul. "Si des particuliers sont intéressés par l'installation d'un frigo, ils peuvent se mettre en contact avec un commerçant près de chez eux, c'est ce qui se fait le plus souvent, la plupart du temps c'est une initiative citoyenne."
Une carte indiquant les lieux des frigos est disponible en ligne, "elle va rapidement être mise à jour car nous avons des installations supplémentaires dont une inauguration prévue ce samedi 24 septembre à Évian-les-Bains par exemple."
Une initiative solidaire
Ceux qui se servent de ce dispositif ont des profils radicalement différents, "nous avons des retraités, des familles nombreuses ou monoparentales, des étudiants ou même des personnes qui enchaînent plusieurs métiers. Entre la crise du Covid et les conséquences de l'inflation sur le coût de l'alimentation, il y a de nombreuses personnes démunies qui vont préférer payer leur loyer que payer de quoi se nourrir." Plus de 1900 personnes utilisent ces frigos chaque jour, "tout part extrêmement vite, rien ne reste. Dès qu'un dépôt est pratiqué, dans la minute qui suit, il y a un retrait." Mais pas vraiment de quoi ravir la restauratrice à la tête de l'association : "c'est une réussite parce que ça fonctionne et que ça aide vraiment mais c'est assez triste de devoir utiliser ce type de dispositif. [...] Aujourd'hui, il y a un vrai problème lorsque l'on voit les millions de tonnes de nourriture gaspillées et les millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté."
Pour en profiter, il n'y a pas réellement de créneau horaire plus favorable, "ces frigos se remplissent de manière assez aléatoire, les dons sont déposés tout au long de la journée parce que ça peut autant venir d'un habitant qui déménage que d'une association qui fait un don en fin de journée ou d'un commerce qui donne ses invendus en fin de journée." Après, c'est au commerçant de vérifier les denrées déposées. "C'est par exemple déconseillé de déposer de la viande et du poisson frais car cela risque de briser la chaîne du froid. Maintenant, s'il s'agit de viande cuisinée par un restaurateur par exemple, ça fonctionne." Pour les commerçants, "il n'y a rien à payer. Les frigos sont soit financés par par du mécénat, par des financements participatifs ou par la municipalité via le budget participatif. L'ensemble de l'installation coûte 1 500 euros, livraison et meuble compris", détaille Dounia Mebtoul.
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