Saveurs de femmes "C'est un luxe de vivre au milieu de la nature"

Caroline Barbier a quitté Paris et le journalisme en 2002 pour reprendre l'exploitation de sa belle-mère dans les Vosges. Elle y cultive et transforme artisanalement myrtilles, fraises, cassis et autres fruits en sirops, confitures et chutneys.

caroline barbier, 45 ans, gère la ferme briseverre depuis 2002.
Caroline Barbier, 45 ans, gère la Ferme Briseverre depuis 2002. © Christelle Vogel

Comment passe-t-on du journalisme à la cueillette des fruits ?

Le monde de l'agriculture me passionne depuis longtemps. En tant que journaliste, je me suis d'ailleurs spécialisée dans ce domaine. J'ai longtemps travaillé à Paris. Avec mon mari, nous avons eu trois enfants. On commençait à se sentir à l'étroit... En 2002, la maman de mon conjoint, qui est productrice de myrtilles dans les Vosges, voulait prendre sa retraite. Mon mari a eu la possibilité de travailler dans la région, je me suis donc décidée à reprendre l'exploitation.

"J'ai divisé mon salaire par deux"

Quelles conséquences financières à ce changement de vie ?

J'ai divisé mon salaire par deux. Mais il faut dire que le rythme est différent. Si je veux m'arrêter pour faire autre chose dans la journée, m'occuper de mes trois garçons, je le peux. Je n'ai plus de compte à rendre à personne : je suis mon propre patron.

Et en termes de charge de travail ?

Ca n'a rien à voir avec avant ! C'est la nature qui guide mon agenda. Le printemps et l'été sont des périodes où on a énormément de travail sur l'exploitation. L'hiver est plus calme et est consacré à la taille des arbustes et aux tâches administratives.

Que produisez-vous à la Ferme Briseverre ?

Ma belle-mère ne produisait que de la confiture de myrtilles. Je me suis diversifiée en proposant aussi des fraises, des framboises, des groseilles et des cassis. Ses fruits sont accessibles en cueillette libre et sont également transformés à la Ferme. Je suis aidée par deux personnes qui travaillent 20 heures par semaine, saisonnièrement. Mes produits sont vendus à la Ferme et dans les magasins de la région nancéenne, sous le label "Terroir lorrain".

"Je vis en plein milieu d'une clairière"

Vous êtes entourée d'une équipe de taille 100% féminine. Par choix ou par hasard ?

Un peu des deux. En m'installant, je n'avais pas les moyens de garder le seul homme salarié à temps plein sur la ferme. Je me suis entourée de quatre personnes pour la taille des arbustes fruités. Le seul homme du groupe a pris sa retraite il y a quelques temps, nous ne sommes donc plus que des femmes. Ce sont des mères au foyer, qui cherchaient une petite activité saisonnière. Aller affronter les ronces en plein hiver ne leur fait pas peur !

Comment qualifieriez-vous votre vie à la Ferme Briseverre ?

Le cadre de vie n'a rien à voir avec Paris. Ici, c'est la campagne. Nous vivons dans une clairière défrichée au XVe siècle, en pleine forêt. Il y a deux maisons un peu plus loin et après, plus rien ! C'est un vrai luxe de vivre dans cet endroit, et travailler pour soi est de surcroit très gratifiant. Je n'y renoncerais pour rien au monde.


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