L'application Yuka perd son procès contre la fédération des charcutiers
Le tribunal de Commerce de Paris a rendu son verdict, l'entreprise d'information nutritionnelle Yuka doit verser 20 000 de dommages et intérêts à la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs pour "acte de dénigrement". Explications !
Depuis son lancement en 2017, l'application Yuka connaît une grande popularité. Téléchargée par 15 millions de Français, elle les renseigne sur la qualité des produits alimentaires lorsqu'ils sont scannés. Dernièrement, leur notation a suscité la controverse auprès des fabricants de charcuterie dont les produits sont généralement très mal notés à cause des sels nitrités qu'ils contiennent. Ces additifs utilisés notamment pour donner une couleur rose à la viande sont fortement pénalisés par Yuka.
Les sels nitrités au cœur du litige
Sur l'application utilisée de façon régulière par 6 millions de Français, les charcuteries avec des sels nitrités ont une mauvaise notation. L'attribution de ces scores par Yuka est basée sur un rapport parlementaire relevant dans ses informations la nocivité du composant : "il existe aujourd'hui une certitude scientifique : la charcuterie nitrée est cancérigène pour l'homme". En plus des notes peu élogieuses, un lien qui renvoie vers une pétition visant à bannir les sels nitrités des charcuteries est ajouté à chaque fiche produit. Cette pétition lancée conjointement par Yuka, l'ONG Foodwatch et la Ligue contre le cancer a déjà obtenu plus de 340 000 signatures.
Pour ces deux raisons, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) a attaqué Yuka en justice afin de retirer cette pétition sous leurs produits et revoir leur système de notation. Le président de la fédération des charcutiers Bernard Vallat défend les producteurs en rappelant que ces additifs consommés dans le cadre d'un repas équilibré et en faible quantité ne seraient plus néfastes pour la santé.
Une condamnation à 20 000 euros de dommages et intérêts
Face aux arguments de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs, le tribunal de Commerce de Paris a tranché. L'application doit verser 20 000 euros de dommages et intérêts à la FITC pour "acte de dénigrement" et "pratique commerciale déloyale et trompeuse". De son côté, Yuka va faire appel de la décision de justice. Dans une interview pour Maddyness Julie Chapon co-fondatrice de Yuka déplore : "Nous regrettons que les arguments des lobbies industriels aient primés sur l'information et la défense des consommateurs". Reste à savoir si l'appel de l'entreprise sera accepté.
De nouvelles plaintes déposées par des producteurs de charcuteries
Les ennuis de Yuka ne semblent pas s'arrêter là. Suite à la victoire de la FICT, de nombreuses entreprises du secteur ont elles aussi décidé d'attaquer l'application sur le même préjudice. Tous deux réunis, Le Mont de la Coste, producteur de la marque Auvernou et ABC réclament pas moins d'un million d'euros de dommages et intérêts. Des charges lourdes dans le seul but de nuire à l'enseigne selon Julie Chapon : "Deux fabricants de charcuterie nous réclament plus d'un million d'euros de dommages et intérêts, sachant que notre bénéfice net en 2020 est d'environ 20.000 euros. C'est totalement disproportionné et cela montre clairement que l'on cherche à nous faire mettre la clé sous la porte", s'indigne la co-fondatrice dans les colonnes du média Les Echos. En attendant, Yuka a changé d'avocat pour préparer sa défense. Affaire à suivre !