Le chef Eric Guérin, un chef vivant "Je ne joue pas les stars"
Le JournalDesFemmes.com : Quel sera votre rôle dans Top Chef ?
Éric Guérin : J'interviens comme jury le temps d'une épreuve, comme l'année dernière. La demi-finale de l'an passé, sur le thème des épluchures, a été très suivie et a remporté un franc succès. Cela m'a permis de rebondir sur de nombreux sujets. On est dans mon univers artistique cette année : un plat, un dessin, de l'imagination. Chacun pourra exprimer sa sensibilité.
Est-ce une émission que vous suivez ?
Je ne regarde pas Top Chef car je n'ai pas le temps. Mais je suis l'émission via internet. Le niveau de la compétition est élevé, et les épreuves sont très difficiles cette année. L'épreuve à laquelle j'ai assisté était géniale, mais le timing d'une heure et quart et les conditions de tournage limitent les possibilités.
" Un vrai coup de coeur pour Florent Ladeyn "
Avez-vous un "chouchou" parmi les candidats ?
L'année dernière, les quatre finalistes étaient très forts. J'avais eu un vrai coup de cœur pour Florent Ladeyn, que j'ai invité à Nantes cet été pour deux magnifiques quatre mains. Cette année, le nombre de candidats plus important et le tournage plus court, ne m'ont pas laissé le temps de lier contact.
Est-ce une émission à laquelle vous auriez aimé participé ?
Je ne sais pas quelles auraient été mes chances dans un tel programme ! C'est compliqué, et tourné dans des conditions réelles. Une véritable compétition, alors même que l'équipement est léger et pas toujours bien agencé. En coulisses, chaque candidat a son coach, qui le pousse à parler pendant le jeu. C'est difficile de rester concentré. Cette année, il faisait chaud, et l'épreuve demandait de réaliser un plat en hauteur : la technique était mise à rude épreuve. Il faut un sacré mental !
Vous avez aussi participer à "Dans la peau d'un chef ", comment cela s'est-il passé ?
Christophe Michalak m'a invité à l'accompagner pendant une semaine sur la quotidienne. Dans la peau d'un chef est très différent de Top Chef. Le principe consiste à proposer une recette, un thème par émission. Un jour salé, un jour sucré. Christophe ou le chef invité ont 30 minutes pour réaliser un plat en expliquant leur univers aux deux candidats qui s'affrontent. Ces derniers ont ensuite 35 minutes pour refaire le plat à l'identique. On goûte leur préparation, et on choisit le meilleur candidat, qui remet son titre en jeu le lendemain.
Comment se déroule le tournage de l'émission ?
Le tournage était très sympa ! L'équipe est rodée, cool. Christophe ne joue pas les chefs star : il ne s'enferme pas dans sa loge, avec ses chocolats. Il est présent sur le plateau aux côtés de son invité et des candidats. Un réel moment de plaisir même si une semaine de compétition est tournée sur deux jours. C'est assez intense, mais vu les conditions " zen", ça se passe très bien.
"Je suis touché par le rapport charnel qu'entretiennent les candidats avec le jeu"
Appréciez-vous être dans la peau d'un juge ?
J'aime ce rôle car je ne le prends pas seulement comme une façon de juger. Je reste fasciné par cette énergie que les gens pros ou non, mettent aujourd'hui dans la cuisine. Dans la façon dont chacun appréhende une recette, une technique, un produit. C'est passionnant et instructif pour le formateur que je suis. Je suis souvent touché par le rapport charnel qu'entretiennent les candidats avec le jeu. Je pense qu'il y a de nos jours une toute nouvelle alchimie qui se créé, grâce à la télévision.
Pourquoi le monde des médias vous attire-t-il tant ?
Nous vivons dans une société d'image, et pourtant nous manquons d'échange et de partage. Au travers de mon action dans les médias, j'essaie de porter un message de vérité, de proximité, de passion, d'échange et de partage. Je suis à l'écran et sur les réseaux sociaux comme je suis dans la vie, un homme passionné, avec ses défauts et ses qualités. Je ne joue pas les pères fouettards, ni les stars, mais les médias me permettent d'entrer en contact avec un panel de gens très différents. D'être là pour écouter, aider, conseiller, et mettre en relation, car c'est un vrai réseau. Ces personnes-là permettent aussi de semer les petits cailloux blancs, qui mènent à Saint Joachim ou Giverny. C'est essentiel.
" La télé ne reflète pas toujours la réalité "
Que pensez-vous de l'essor récent des émissions culinaires à la télévision ?
L'arrivée de la cuisine à la télévision a relancé la profession. De nombreux jeunes sont arrivés dans nos maisons, beaucoup de femmes notamment. De plus anciens sont aussi réapparus. C'est le côté sympathique de la chose. Mais attention, notre métier, c'est une vie. Il faut être dedans tous les jours, se battre, former des équipes qui changent sans arrêt, se remettre en question, et se faire connaître. La télé ne reflète pas toujours cette réalité, mais cela a au moins le mérite d'accorder de l'importance à la cuisine et au bien-manger dans les foyers.
A quelles autres émissions avez-vous participé ?
Avant Top Chef, javais participé à des émissions régionales, pour Éric Roux, mais aussi pour Des racines et des ailes ou encore pour un programme de la NHK au Japon. J'ai aussi fait un reportage magnifique pour Very chic sur Arte, et dernièrement avec Gilles Demestres. J'ai aussi tourné de petits spots pour le site de Lesieur pendant cinq ans. L'image est importante, et la caméra devient un jeu de plaisir.
Après Top Chef, j'ai tourné une douzaine d'émissions. Je rentre à l'instant d'une mission organisée par Fanny Aubert Malaurie, l'attachée audiovisuelle de l'ambassade de France à Istanbul. Pendant 3 jours, j'ai défendu les couleurs de la gastronomie française en Turquie, avec comme support le reportage de Gilles Demestres "Coup de jeune en cuisine". Du talk-show live, aux émissions pour TV2, sans oublier les magazines et les rencontres avec les chefs locaux, j'ai participé à de nombreuses expériences inoubliables, et je suis fier de servir la cuisine française. Je bosse actuellement sur deux très gros programmes : je m'envole dans trois semaines pour une semaine de tournage à l'étranger, pour une nouvelle émission à découvrir cet été. Je pense que 2014 sera une grosse année de médiatisation.